Chapitre 31 - Noélie

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Mes pas me dirigent instinctivement vers la cuisine de l'auberge. J'ai promis à Nash d'être dorénavant honnête et je ne compte pas aller à l'encontre de mes propres paroles. La conversation qui vient d'avoir lieu trotte encore dans mon esprit. Je crois avoir pris la bonne décision, je pourrais apprendre le patin avec Nash dans cette petite ville. En ce qui concerne les figures, qui me donnaient la sensation de m'envoler, j'imagine qu'elles ne me sont plus nécessaires. Je retrouverai sans doute le sentiment de liberté qu'elle me procurait dans un nouvel hobby que cet endroit pourra peut-être m'apporter.

Je secoue la tête et avance jusqu'à la cuisine. Steve et Nash nettoient la salle, leur concentration me camoufle à merveille. Les plans de travail brillent et le sol lui ressemblera très certainement dans quelque temps.

Je me racle la gorge attirant leurs attentions. Nash me sourit instantanément, provoquant des sensations dans le bas de mon ventre que j'affectionne. C'est un superpouvoir que je rêverais de posséder.

— Alors, ta coach a essayé de t'enlever à nous? S'attriste faussement Steve.

Je lui souris, mais les battements de mon cœur s'accélèrent sous le poids de cette vérité. Rudolf semble comprendre quelque chose et pose l'éponge qu'il tenait, à côté de l'évier.

— Steve, tu peux nous laisser s'il te plaît.

Sa phrase s'apparente plus à un ordre qu'à une proposition et en la prononçant, il ne me quitte pas des yeux, la puissance de ces derniers est étouffante. Peut-être a-t-il déjà cerné la nature de l'échange.
Je ne perçois même pas Steve partir, le claquement délicat de la porte étant mon seul indice.

— Est-ce que ce sera une nouvelle discussion comme il y a six ans?

Ses pupilles tremblent légèrement d'appréhension, et je me rapproche rapidement de lui. Mon épiderme frissonne un peu plus à chacun de mes pas, conquis de ressentir à nouveau celui qu'elle apprécie.

— J'ai refusé.

J'espérais apaiser son corps par ses mots, mais ses sourcils se froncent. Je grimace étonné et dans l'incompréhension face à sa réaction.

— C'est-à-dire?

Je lui explique la discussion avec comme objectif de le rassurer. Je lui détaille l'offre qu'elle m'a sans jamais le quitter des yeux, il m'analyse avec sérieux créant une certaine angoisse dans ma cage thoracique qui semble s'y ancrer doucement.

J'étais persuadé que décliner serait la meilleure solution, pourtant, son visage désapprobateur m'oblige à émettre quelques doutes. Mon discours clôturé, il s'appuie contre le plan de travail et croise ses bras en fixant le sol avec une attention particulière qui ne diminue pas mes appréhensions.

— Pourquoi as-tu refusé?

Je dandine sur mes jambes étant tout d'un coup mal à l'aise. Je ne peux pas avouer que je souhaitais rester à ses côtés, je ne veux pas prendre le risque de le faire fuir. Mes neurones entreprennent de se relier pour créer l'excuse la plus crédible.

— J'ai simplement reçu une meilleure offre d'emploi.

Il hoche la tête sans m'accorder la moindre attention, son esprit semble bouillir à tel point que j'aperçois presque de la vapeur s'envoler à travers ses narines.

Je joue avec mes doigts pour tenter de distraire mes pensées le temps que Nash se décide à prendre la parole, peut-être devrais-je le faire en première finalement.

— Quand est-ce que je signe le contrat?

Il se redresse soudain et cela n'arrange absolument rien, son visage est fermé et ses yeux qui habituellement pétillent sont à présent éteints. Mon cœur se serre, craignant désormais que tout ce qu'on avait réussi à réparer se brise en mille morceaux sans que je n'en comprenne la raison.

Un flocon incomplet.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant