Un flocon incomplet.

Chapitre 15 - Noélie

Noélie 18 ans - Nash 16 ans

Je note encore de nouvelles figures que j'aimerais essayer pour le test d'admission qui a lieu dans trois semaines. Mon cerveau ne cesse de songer à ça depuis l'annonce de mon entraineuse, et en même temps, ça m'empêche de penser à ma discussion avec Nash d'il y a six jours.

Il n'est pas venu vers moi, que ce soit à l'école ou quand on est chez nous et je l'en remercie. J'ai l'impression qu'il m'a vraiment écouté et que même s'il n'en avait pas envie, il m'a laissé respirer. C'est un bon début.

Je sais qu'il faut que je lui parle du test, je me rends compte à chaque entraînement que j'ai sous-estimé l'importance de ce que j'allais vivre. Mais avec tout ce qu'il se passe, que ce soit en cours ou avec ses grands-parents, je ne souhaite pas rajouter un élément qui risquerait de nous éloigner encore plus.

Plutôt ironique alors que je me suis assuré de le garder à distance pendant une semaine.

Mes parents ne me lâchent pas depuis qu'ils sont au courant pour ce qu'il se déroule à l'école. Et d'une part je ne peux m'empêcher de leur en vouloir, mais d'un autre côté, ça m'a permis de réaliser que Nash avait peut-être raison, ce n'est pas en me laissant faire que les choses se calmeront. Donc maintenant, je réagis. Du moins j'essaie. Je ne baisse plus la tête quand je remarque qu'on se moque de moi, mais je les regarde droit dans les yeux en souriant. Je leur montre à quel point je suis heureuse, et ça, ce n'est que le début. Je finirais par répondre, je finirais par arborer toute l'assurance qu'ils m'ont volé. J'y arriverai.

Je continue d'analyser les différents schéma de patineuse professionnel pour choisir lequel j'ai le plus désir d'exécuter pour époustoufler le jury. J'ai l'impression que le split jump est beaucoup trop facile pour l'endroit où nous allons et pourtant, Malia veut que je le fasse. Elle a envie de nous garantir une figure simple au cas où j'échoue sur le reste de la combinaison. Ce n'est pas très encourageant.

— J'ai hâte de te voir faire ça. s'amuse quelqu'un m'interrompant dans mes pensées.

Je me retourne en reconnaissant sans difficulté la voix de Nash. Il se tient à l'embrasure de la porte en m'observant en détail. Je n'ai sans doute pas tant changé que ça, mais c'est vrai qu'une semaine sans s'apercevoir est douloureux.

Je regarde ses cheveux bruns tombant toujours devant ses pupilles, je ne comprends pas pourquoi il persiste à les garder aussi longs alors qu'il ne repère probablement pas grand-chose.

Il s'avance d'abord vers moi avant d'hésiter et de s'installer sur mon lit. Il analyse ensuite ma chambre, pour s'assurer que rien n'a bougé alors que je ne le quitte pas des yeux appréciant la vue qui m'avait tant manqué.

— C'est ma mère qui t'a laissé entrer ?

Il hoche la tête même si je savais déjà que c'était le cas, de toute façon, je n'aurais pas voulu qu'il parte cette fois.

— Comment tu vas ? m'interroge-t-il avec prudence.

Je sens qu'il a peur que je sois toujours dans la même humeur que l'autre jour et je dois dire que je suis aussi étonné que lui par rapport à ma réaction, mais ce n'est pas pour autant que je la regrette.

Je ferme mon ordinateur et le rejoins sur mon lit à une distance raisonnable. Je sais que la conversation que nous avons eue a été douloureuse pour nous deux, mais je pense qu'elle était nécessaire.

— Écoute, commencé-je avec réserve, je suis désolé pour la manière dont je me suis comporté. Mais je ne vais pas retirer ce que j'ai dit. Je ne veux pas de ta protection, je ne veux pas que tu me couves au point de m'étouffer.