Chapitre 16 - Nash

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S'il y a bien une chose que je déteste dans le fait d'être indépendant, c'est les factures qui s'accumulent. Il est certain que faire la comptabilité du gîte est loin de ce que je m'imagine d'une soirée parfaite.

    Entre les entraînements avec l'équipe de hockey pour le vingt décembre, les relevés bancaires et le maintien de l'auberge, j'ai l'impression de ne plus avoir de vie. J'avoue être contradictoire, il y a quelque semaine, exister uniquement pour l'entreprise familiale ne me dérangeait pas tant que ça. Maintenant, j'ai la sensation de sentir une sorte de vide à l'intérieur de moi que j'essaie de camoufler avec tout mon travail, mais quoi que je fasse, cette sensation revient toujours à la charge.

    La lune est apparue depuis un moment, mais étant en hiver, il pourrait très bien être 16 heures comme 23 heures.

— Je pensais que tu étais rentré.

    Je suis légèrement saisie, ne m'attendant absolument pas à être interrompue dans ma tâche. Même si le fait de l'effectuer dans la salle de repas laisse une possibilité que cela arrive, la preuve étant que Noélie se tient face à moi.

— J'avais des trucs à finir.

    Elle hoche la tête faisant bouger ses cheveux qui me captive quelque instant avant de me focaliser à nouveau.

    La savoir à proximité me trouble plus que je ne voudrais l'admettre, mais je tente au mieux de me concentrer sur les suites de chiffres qui me donneront sans doute des migraines.

    Je l'entends nettoyer les meubles et poser les chaises sur ces derniers. À chaque minute qui s'écoule, elle se rapproche et je sens qu'à un moment ce sera au tour de ma table de passer entre ses mains.

    Je n'y pense pas, je continue d'appuyer sur les touches de ma calculatrice et de noter les résultats sur mes papiers comme si elle n'existait pas. Peut-être que ça me permettra d'oublier qu'elle a détruit le bijou.

    Ça n'arrivera évidemment pas.

    Un raclement de gorge me tire de ma fausse concentration et je lève le regard vers ma subordonnée qui affiche un sourire crispé et je me retiens pour ne pas me moquer d'elle.

— Tu en as encore pour longtemps? J'aimerais terminer pour pouvoir rentrer.

    J'analyse le reste de la salle et remarque qu'effectivement ma table est la dernière qu'elle doit astiquer. Elle est beaucoup trop efficace pour ce travail, ça m'irrite.

— Je ne sais pas, tu n'as qu'à dénicher une autre occupation.

    Je suis certain qu'elle se retient de lever les yeux au ciel alors que je ne cache pas mon sourire, ravi de l'agacer un petit peu.

— Mais si tu préfères, je peux te trouver une tâche. Je suis sûr que tu l'adoreras. Lancé-je en croisant mes bras d'un air satisfait qu'elle semble détester.

    On se jauge un instant, ses prunelles pourraient à elles seules me faire tomber tant elles sont hypnotisantes. Mais il m'en faudra beaucoup plus pour oublier.

    Un rictus apparaît soudain sur ses lèvres et c'est sans doute la chose qui me rassure le moins actuellement. Elle s'en va, sans un mot de plus et je reste là penaud alors que je pensais contrôler entièrement la situation.

    Elle revient, avec un Tupperware et une bouteille de crème chantilly. Son sourire ne l'a pas quitté et je ne suis absolument pas tranquillisée par ce qu'elle a ramené.

    Elle sort un premier cookie et secoue la chantilly avant de l'appliquer sur toute sa surface. Mon regard suit chacun de ses mouvements stupéfaits par son culot à peine voilé.

Un flocon incomplet.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant