Chapitre 12 - Nash

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Noélie 18 ans - Nash 16 ans

    Tourne, tourne, tourne.

    Voilà ce qu'elle fait depuis que je suis arrivé. Ses patins glissent sur la glace de façon répétée en m'hypnotisant sans difficulté. Sa grâce ce sens jusqu'à la manière dont elle positionne ses mains, comme si elle s'apprêtait à enlacer quelqu'un.

    J'adore venir la regarder s'entraîner, sa détermination se lit sur ses traits, mais aujourd'hui c'est différent. Elle semble stresser, elle réitère les mêmes enchaînements depuis près de vingt minutes en essayant de les perfectionner. C'est la première fois que je la vois ainsi, d'habitude son sourire rayonne tant elle aime être sur la glace, mais à cet instant, l'angoisse se peint sur son visage me serrant le cœur.

    Elle s'arrête quand l'heure de fin est arrivée et je ne m'en suis absolument pas rendu compte. J'étais tellement captivé par les mouvements de sa silhouette que je l'ai observé sans cesse depuis que je suis là. Elle s'avance vers son instructrice qui, comme Noélie, semble anxieuse.

    Je ne comprends pas ce qu'il se passe, mais ça fait quelque jours que je la sens préoccupée, elle est ailleurs sans arrêt, toujours dans ses pensées dont j'ignore tout, ce qui ne me rassure pas.

    Elles discutent, Noélie est épuisée, mais écoute attentivement les recommandations de son entraîneuse. Elle fait des gestes avec ses mains pour illustrer les propos de la femme à ses côtés qui acquiesce de la tête.

    Quand elles ont terminé, mon petit flocon part se changer et je sors de la patinoire pour l'attendre à l'extérieur. J'enfonce mon bonnet sur mon crâne pour me protéger de la neige qui commence à tomber au fur et à mesure du mois d'octobre.

    J'entends la porte derrière moi s'ouvrir, tous les autres élèves sont rentrés chez eux alors je souris immédiatement sachant déjà de qui il s'agit. Je me retourne sans attendre, mais ma bonne humeur disparaît dès que j'aperçois son visage réprobateur.

— Salut petit flocon. Tenté je de l'amadouer.

    Elle balaie ma banalité d'un geste de la main avant de me dépasser pour rejoindre sa voiture garée sur le parking étudiant.

    Je reste un moment figé et surpris par son manque de considération. Je me remémore mes derniers instants avec elle pour essayer de voir ce que j'aurais pu dire ou faire qui aurait pu la blesser, mais rien ne me vient. Je perçois son moteur s'actionner et cours pour la retrouver avant qu'elle ne parte sans moi. Je bloque ma ceinture et elle se met à rouler à l'instant où elle entend le clic qui le confirme.

    Elle est concentrée, comme à chaque fois qu'elle est derrière le volant. Je ne peux m'empêcher de l'observer en attendant qu'elle dise quelque chose, mais elle n'en fait rien alors je brise finalement le silence.
— Tout va bien? m'inquiété-je.

    Elle ne répond pas, jusqu'à ce qu'on arrive à un feu rouge. Elle en profite pour se tourner vers moi, ses yeux semblent vouloir m'assassiner sur place me faisant légèrement peur, mais la rendant plus belle. Ça ne sent pas bon pour moi.

— Tu as parlé à tes parents.

    Je sais que ce n'est pas une question, mais je ne comprends pas cette affirmation qui parait sans intérêt, en tout cas pour moi.

— Comme tous les jours. Plaisanté je.

    Elle n'apprécie absolument pas ma réplique, je le remarque aisément en voyant ses sourcils se froncer de contrariété.

    Elle ne répond pas à ma blague et je n'ajoute rien par peur d'empirer la situation. Le reste du trajet jusqu'à chez nous se fait dans un silence de plomb que mes pensées comblent en tentant de me rappeler chaque événement qui aurait pu m'attirer des problèmes. Mais sans succès.

Un flocon incomplet.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant