Un flocon incomplet.

Chapitre 25 - Noélie

Mon sourire s'élargit alors que la voix de ma meilleure amie crève presque mon oreille.

— J'attends le nouvel épisode ! plaisante-t-elle.

Je glousse sachant très bien qu'elle n'est pas prête pour ce que je m'apprête à lui annoncer.

Lao n'en revient toujours pas. Pendant tout le trajet du retour, il m'a demandé de le pincer pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Je revois son visage surpris alors qu'il nous a aperçus avec Nash au milieu de la patinoire. Même moi j'ai du mal à l'accepter. Quand il l'a annoncé à Dan, ce dernier m'a pris dans ses bras comme s'il n'y croyait plus. Tout comme moi, je ne pensais plus que j'y parviendrais et pourtant j'ai à nouveau marché sur la glace. Et à présent, tout ce que je veux, c'est glisser comme à l'époque.

— Alors ? s'impatiente ma meilleure amie.
— Tu es bien assise ?

Je perçois des mouvements, sans doute pour trouver une chaise me faisant ricaner. Je crois que ça va être marrant.

Les bruits s'arrêtent et je l'entends inspirer profondément avant de dire :

— Je suis prête.

Je lui raconte donc tout. Le dossier que Nash m'a apporté et mon départ précipité vers la patinoire. Toutes les émotions qui m'ont traversé et que je ressens à nouveau en lui contant ce moment de ma vie. Pendant tout mon monologue, mon esprit était figé sur Nash. Je repense à ce qu'il a fait pour moi ce soir, il a mis de côté sa rancœur à mon encontre pour m'aider à finaliser mes tâches. N'est-ce pas une preuve que les choses s'améliorent ?

— Comment te sens-tu maintenant ?

C'est sa question préférée, je crois. Connaitre chacun de mes ressentis psychologiques, malgré le fait que ma blessure soit physique. Elle ne veut jamais minimiser l'impact mental que l'accident m'a causé. Parce que même si mon corps est incomplet, mon esprit l'était tout autant, il l'est toujours d'ailleurs.

— Je ne sais pas. J'ai envie d'enfiler des patins et de glisser sans m'arrêter, mais c'est moins facile que de juste marcher sur de la glace.

Je hausse les épaules. La gorge nouée me remémorant tout ce dont j'étais capable auparavant.

— Tu n'as pas appris le patinage en un jour, me rappelle-t-elle, il t'a fallu de l'entraînement.

Je songe à mes premiers pas majoritairement avec Nash. Nos chutes et nos réussites et ses souvenirs font battre mon cœur.

— Je suis persuadé qu'avec de l'entraînement tu y parviendras. Tu tomberas certainement, mais ce qui compte c'est que tu te relèves.

Je souris, et me demande ce que j'ai bien pu faire pour mériter une telle meilleure amie. Ses conseils et ses encouragements m'ont permis de tenir pendant un an et je lui en serais éternellement reconnaissant.

— Tu sais, redémarre-t-elle prudemment, même si personne n'est mort pendant ton accident, il t'a tout de même amené à devoir affronter le deuil.

Je fronce les sourcils dans l'incompréhension.

— De quoi parles-tu ?

Je l'entends respirer plus rapidement comme si elle avait peur des mots qu'elle s'apprêtait à prononcer. Mon pouls accélère à cause de la panique que sa réaction crée.

— Tu as dû faire le deuil de ta jambe, de ta vie et de la part de toi que tu as perdu après avoir passé des heures seule dans les montagnes.