Un flocon incomplet.

Chapitre 3 - Noélie

Noélie 18 ans — Nash 16 ans

Je cours dans tous les sens depuis huit heures ce matin et j'ai l'impression que je n'arriverai pas à finir ce que je comptais préparer. Les vacances d'été touchent à leur fin, ce qui signifie qu'il rentre enfin de chez ses grands-parents. Je ne tiens pas en place comme une enfant le soir de Noël, sauf qu'en l'occurrence, ce que j'attends ce ne sont pas des cadeaux, mais le garçon le plus incroyable qui existe. Oui, je sais, c'est ennuyeux. Trop amoureuse, trop heureuse. Mais je ne pourrais jamais me lasser du bonheur que je ressens à ses côtés.

Je m'active en cuisine, désespérée de ne pas avoir son talent, et finalise la limonade que je conçois depuis une demi-heure maintenant. Nous avons de la chance que les températures ne soient pas trop élevées comparées à d'autres régions du pays, cependant une boisson fraîche n'a jamais fait de mal.

Quand je l'ai terminée, je me penche pour observer les moelleux au chocolat dans le four, son dessert préféré, et grimace à leur vue. L'un d'eux ressemble plus à un volcan qu'à un délicieux dessert. J'éteins le four pour parer une éruption chocolatée en me lamentant sur mon manque de talent dans ce domaine.

C'est Nash le cuisinier alors pourquoi je persiste à vouloir lui concocter cette pâtisserie ? Parce que tu es carrément folle de lui et que tu serais prête à tout pour avoir droit à son sourire craquant.

D'accord petit conscience tu as raison, mais on va quand même éviter de le rendre malade.

— J'espère que tu as pensé à préparer quelque chose pour moi.

Je me retourne vers Lao qui n'affiche pas son air ordinairement joyeux. Je viens même de me rendre compte qu'il est resté à l'extérieur toute la journée. Alors qu'en général, quand il ne travaille pas, il revient toujours à la maison probablement parce qu'il adore me balancer des vannes dont il est fier.

— Tu vas bien ? Tu as de la fièvre ?

Il dégage mes questionnements d'un geste de la main avant de se pencher vers le four pour observer la catastrophe que je suis en train de créer.

— Tu en as fait que deux.

Son ton n'est pas aussi monotone, mais sa phrase sonne comme un reproche auquel je ne m'attendais pas.

— Oui, c'est pour Nash et moi. Je ne t'avais pas dit qu'il rentrait aujourd'hui ?

Il se relève et contracte la mâchoire, visiblement contrarié que je n'aie pas pensé à lui et je m'en veux presque instantanément. Depuis qu'il a un travail dans une petite agence immobilière, on ne se voit plus beaucoup et c'est encore pire maintenant que je suis avec Nash.

— J'avais oublié que le couple parfait allait être réuni.

L'amertume dans sa voix me perturbe. Au début, il semblait l'apprécier à tel point que parfois je me sentais même de trop. Mais là, c'est comme si la perspective de voir Nash l'agaçait.

Je crois qu'au moment où je comprends la raison de son animosité, la culpabilité me met une gifle pour avoir négligé ce qu'il vivait en ce moment.

— Je suis désolé, j'avais oublié que tu venais de rompre avec Claire. Murmuré-je honteuse.

Je suis tellement obnubilée par ma relation avec Nash que je délaisse ma propre famille. Ils sortaient ensemble depuis cinq mois, elle était sympa et il avait l'air heureux, mais il a décidé de tout arrêter car ce n'était pas la bonne selon lui. J'étais triste pour lui, alors que lui paraissait ne pas s'en préoccuper, comme si ce n'était pas si grave. C'était probablement une façade.