Chapitre 20 - Nash

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J'applaudis en rythme afin d'encourager les troupes. Mon équipe est en forme. Le 20 décembre arrive rapidement, mais j'ai foi en eux, et puis tout ce que j'espère c'est qu'ils s'amuseront. Leur technique est bonne et les passes qu'ils se font sont belles et très souvent décisives pour la suite du match. La compétition promet d'être mouvementée. Le temps de l'entraînement s'écoule à toute vitesse et je rappelle mon équipe afin de leur donner les dernières instructions pour aujourd'hui.

— Vous allez faire des tirs au but les uns après les autres. Avant de marquer, je veux vous voir manipuler le palet, faites des feintes au gardien.

Ils hochent tous la tête, et je les envoie au fond du terrain. Je glisse sur la glace avec aisance, à chaque fois que le froid de la patinoire m'envahit j'ai l'impression de respirer comme dans ma cuisine. Comme si j'étais à l'endroit parfait. Ils se positionnent en file, la détermination dans leurs yeux me fait chaud au cœur, ils savent que c'est important. J'ai peur qu'ils se mettent la pression pour ce match, mais parfois elle est la seule à pouvoir motiver.

Je quitte la glace et m'installe dans les gradins pour les étudier, je fais quelques remarques à certains quant à leur posture ou leur manière de tenir leur stick, mais en général, ils se débrouillent très bien.

La porte d'entrée s'ouvre, attirant l'attention de tous. Je reconnais ses cheveux directement, et son sourire qui illumine la pièce m'agaçant déjà.

— Finissez l'exercice et allez vous changer. Crie je à mon équipe.

Je n'ai pas besoin de les observer pour savoir qu'ils le feront, le hockey demande de la discipline et ils l'ont compris rapidement. Noélie me rejoint, ses vêtements d'hiver cachent chaque partie de son corps et pourtant je peux apercevoir ses yeux qui pétillent d'impatience. Qu'est-ce qu'elle prépare ?

— Tu ne travailles pas? l'interrogé-je directement.

Elle secoue la tête désespérée par mon obstination. Mais je n'ai pas le choix. La savoir près de moi est une torture. Cette proximité force de part de moi à se confronter, à ce livrer un combat épuisant. D'un côté, l'affection que je lui portais et ressentirai toujours, et de l'autre, ma rancœur à cause des malheurs qu'elle nous a fait subir.

Je n'arrive pas à me débarrasser de cette partie de moi remplie de rancune a son égard, ou peut-être ne le veux-je simplement pas ? Puisque qu'au moment où elle ne sera plus présente, que restera-t-il ? Un amour qui vit et grandit en moi dont le seul aboutissement possible sera un nouveau déchirement. Je souhaiterais autant l'éviter. Sauf que maintenant que je connais son secret, une part de la haine que je lui réservais a disparu. Finalement elle ne porte peut-être pas le collier pour me faire souffrir, mais simplement parce qu'elle y tient avec les fissures. Malgré qu'il est à présent incomplet.

— J'ai une liste de tâches à finir. Ironise-t-elle en me tendant une boîte.

Je lève un sourcil méfiant et attrape son offrande. Je reconnais le Tupperware de ma mère ce qui ne présage rien de positif. Je soulève le couvercle et une douce odeur de cookie chatouille mes narines. Mes lèvres imitent rapidement les siennes dans un sourire sincère. Elle retire tout son attirail et s'installe finalement à mes côtés.

— Numéro 5. Ajoute-t-elle.

Elle n'avait pas besoin de préciser, je me souviens de chaque tâche que j'ai écrite. Celle qu'elle a énoncée consistait à rapporter des cookies après l'entraînement pour encourager l'équipe. J'attrape un des biscuits et m'apprête à le mettre dans ma bouche quand elle me frappe subitement et doucement la main.

— Ce n'est pas pour toi, mais pour les enfants.
— Je vérifie simplement que tu ne vas pas les empoisonner.

Elle lève les yeux au ciel, mais je devine facilement le sourire qu'elle tente de réprimer sur son visage.

Un flocon incomplet.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant