Chapitre 30 - Nash

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Noélie 18 ans — Nash 16 ans

Mon regard fixe le plafond en négligeant les multiples hurlements de ma mère pour m'inciter à la rejoindre au salon. Mais c'est hors de question.

Je ne veux pas profiter de ce moment avec Noélie étant donné que je pars demain et qu'elle doit m'annoncer si notre histoire s'arrête aujourd'hui. Peut-être préféré-je subsister dans l'ignorance ? En fait, je suis certain que c'est le cas.

C'est vrai que son adhésion n'est pas encore acquise, mais je ne pourrais jamais continuer en sachant que je suis en dernier sur sa liste de priorité. Cette soirée est donc synonyme d'adieu et je ne crois pas être prêt pour cela.

C'est pour cette raison que mon plafond me paraît autant passionnant. Le rideau est fermé, comme à chaque fois, et la lumière est éteinte laissant une ambiance assez sombre régner dans la pièce, et dans mon esprit.

Le son du vent siffle à travers ma fenêtre et je m'y concentre pour stabiliser ma respiration et l'empêcher de s'emballer au rythme de ma tristesse. Une odeur de cookie grappe les escaliers pour me narguer avec puissance.

La porte s'ouvre brutalement, les effluves s'amplifient et mon cœur se serre à cet élément si représentatif de notre rituel. Je ne me relève pas sachant très bien que ma mère parlerait avant le membre de mes mouvements.

— Elle arrive dans deux minutes alors habille-toi en vitesse. S'exaspère-t-elle.

Je souffle agacé par son insistance et son soutien envers mon petit flocon. C'est quand même moi son fils. Elle l'encourage à me briser le cœur sans tenter de le cacher un minimum.

— Je n'irais pas à ce dîner.

Un courant d'air glacial traverse rapidement la pièce me faisant frissonner, les rideaux se soulèvent avec force et mon regard s'y dirige en espérant l'apercevoir. Je secoue la tête pour m'enlever cette envie et attrape le pull que j'avais laissé à côté de moi. Je m'apprête à l'enfiler quand ma mère me l'arrache des mains avant de le jeter au sol.

Je me relève en fronçant les sourcils, alors qu'elle avance vers ma penderie en tirant certains accoutrements. Assis face à elle, je ne démontre aucune coopération, attendant qu'elle termine son spectacle et s'en aille.

Mes vêtements volent sur le parquet et mon pouls s'accélère en songeant au fait que je devrais ranger. Ça ne faisait pas partie de mes projets. Elle se retourne finalement en me lançant un jeans noir et une chemise blanche, super, en plus elle espère que je sois costumé.

Je secoue la tête pour confirmer mon mécontentement. Son visage se radoucit et elle s'installe sur mon lit, ses cheveux châtains voltigent sous la puissance du vent et ses yeux transmettent tout l'amour d'une mère.

— Tu dois le faire, murmure-t-elle, je ne veux pas que tu regrettes quoique ce soit plus tard.

Je baisse le regard sur les vêtements tandis qu'elle quitte la pièce dans une démarche délicate. Je les avais achetés pour le Noël où elle m'avait avoué ses sentiments. Ils représentent le début de ce qui se terminera aujourd'hui.

Au fond, c'est peut-être le meilleur moyen de finir cette histoire, comme elle a commencé.

Je m'habille à mon aise, ma motivation semble se cacher sous les centimètres de neige qui recouvrent actuellement mon jardin. Elle est bien trop loin pour la rattraper. Je m'observe dans la glace, mes cernes sous les yeux sont un rappel a mes nuits blanches corser pas l'appréhension de notre rituel.

J'aurais tant voulu vivre dans un jour sans fin, et recommencer éternellement le Noël où je lui ai offert le collier. On s'inquiétait à peine du futur et apprécions le présent sans se douter d'une possible fin. On pensait déjà à nos aller-retour entre ici et l'universitaire qu'elle aurait choisi, on se voyait survivre à tout. En fin de compte, le premier obstacle nous aura détruits.

Un flocon incomplet.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant