Prologue

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Noélie 17 ans — Nash 15 ans.

    Nous songions tous à quelque chose de différent en visualisant le soir de Noël. Certains imaginaient des activités, d'autres les repas qu'ils engloutiraient ou les gens avec qui ils seraient pendant les fêtes. Mais Nash et Noélie ne pensaient qu'à l'autre.

    Le rituel qu'ils avaient créé au bout de leur deuxième année d'amitié les remplissait de joie chaque année. Ils ne pouvaient passer ni le réveillon ni le jour de Noël ensemble, ce qui, la première année, les avait attristés. Mais ils avaient trouvé une alternative : le fêter à deux le vingt-trois décembre.

    Lors de leur rencontre pendant la saison des neiges d'il y a six ans, ils n'imaginaient pas se retrouver sous le belvédère des parents du jeune homme, dans les bras l'un de l'autre. Ils avaient en partie grandi et mûri en même temps, mais leur relation avait évolué au Noël dernier. À cet endroit précis, elle avait osé faire le premier pas.    

    Aujourd'hui, le rituel n'avait pas changé : une journée à la patinoire avant de s'installer à l'extérieur avec des cookies et évidemment des chocolats chauds, suppléments chantilly et cannelle. Sans oublier le tourne-disque qui passera « White Christmas » d'Elvis Presley en boucle durant toute la soirée. Mais quand ils se retrouvaient, il ne pouvait pas s'empêcher de penser à ce qui les attendait. 

— Et l'université de New York? C'est une bonne fac apparemment, proposa le jeune homme.    

    Ils savaient que la fin du lycée se rapprochait plus vite qu'ils n'oseraient l'admettre, pour lui, y songer ne faisait que l'angoisser un peu plus. Est-ce qu'on résistera à la distance ? S'interrogea-t-il sans cesse. Il resterait dans leur école pendant encore deux ans, alors qu'elle vivrait une vie universitaire.

    Elle secoua la tête en attrapant un autre cookie qu'elle dégusta avec lenteur, appréciant chaque saveur qu'elle percevait. Que ce soit le léger goût de vanille, celui des pépites de chocolat fondant sur sa langue ou encore la pincée de sel, que Nash rajoutait toujours, lors de la confection.

    Il pouffa en posant un baiser délicat sur le haut de son crâne, faisant instantanément s'étirer les lèvres de sa bien-aimée.

— L'année prochaine, tu es en terminale, il faut que tu commences à chercher l'école où tu iras.

    La jeune femme s'enfonça un peu plus dans les bras de l'homme, comme un bouclier à cette conversation qu'elle espérait fuir à chaque fois qu'elle le pouvait. Le seul futur auquel elle accordait de l'importance était le leur. Celui qu'elle construisait dans sa tête pour eux, un avenir qui la comblait déjà avant même d'exister.

— Comme tu le dis, j'ai un an pour y réfléchir alors mange un cookie avant que je boude.

    Il rit à gorge déployée avant d'attraper la pâtisserie. Elle remonta le plaid jusqu'à ses épaules et souffla sur la boisson chaude pour la rafraîchir. L'odeur de cette dernière se répandit autour d'eux rendant l'instant encore plus appréciable. L'homme l'observa, comme à chacune des secondes qui lui étaient données.

    Il affectionnait ses petits yeux qui souriaient sans arrêt, ses cheveux noirs coupés au carré le laissant apprécier son profil et ses lèvres fines et douces qu'il adorait embrasser. Ses joues, rougies par le froid, même si aux fond de lui, il espérait que c'était simplement l'effet qu'il lui faisait. Dire qu'il était amoureux semblait être un euphémisme : il pourrait faire n'importe quoi pour elle, même l'encourager à aller au bout du monde pour ses études alors que lui, il resterait dans cette petite ville qui n'aura plus la même apparence quand elle sera partie.

Un flocon incomplet.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant