Chapitre 9 - Noélie

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Noélie 18 ans - Nash 16 ans

Je griffonne distraitement dans mon cahier en espérant que personne ne m'aperçoive. Je me dirige rapidement vers la patinoire du lycée pour retrouver Nash, il a son entrainement, comme tous les jours. Je vais souvent l'attendre dans les gradins avant de rentrer, je n'aime pas rester dans l'enceinte de l'école.

Même si depuis le petit spectacle de Nash les gens me dévisagent et me dérangent moins, les murmures à mon passage persistent. Je n'arrive pas à savoir si je préférais quand il se moquait devant tout le monde de moi ou si je préfère la situation actuelle.

Je m'apprête à m'introduire dans le bâtiment, et à enfin me libérer des regards incessants, quand je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je le sors de ma doudoune et réponds instantanément en voyant le nom de mon entraineuse.

— Bonjour, Noélie, je ne te dérange pas?

Je m'écarte de la porte d'entrée pour permettre à deux étudiants de pénétrer dans la patinoire et souris à l'entente de la voix de Malia. Les entraînements font partie de mes moments préférés, et sa bonne humeur perpétuelle y est probablement pour beaucoup.

— Non pas du tout, répondis-je avec joie.
— Parfait, s'enthousiasme-t-elle, je souhaitais te parler du test d'admission. Est-ce que tu veux travailler des figures particulières demain? Il n'y a pas de thème, mais...

Je n'entends pas vraiment la suite de sa phrase, mon cerveau s'est bloqué dès les premiers mots. Test d'admission. À quoi fait-elle référence ? Nous n'avons jamais bavardé à propos d'un quelconque test, ou du moins, je ne m'en souviens absolument pas.

— Attends attends, la coupé-je paniquée, je crois que tu te trompes d'élève.

Un léger silence me répond, me provoquant presque des frissons. Elle se méprend sûrement, c'est la seule explication possible.

— J'en ai discuté avec tes parents, commence-t-elle hésitante, un club professionnel à Los Angeles fait passer des tests pour recruter de jeunes talents. J'ai tout de suite pensé à toi et tes parents ont donné leur accord.

Et personne ne s'est interrogé sur mes envies ? Personne ne s'est dit que je ne voulais pas déménager loin de Nash ? Personne n'a songé à m'en parler.

À cet instant, j'ai l'impression d'être une poupée qu'on manipule à sa guise, celle qu'on déplace de lieu en lieu sans se demander si c'est ce qu'elle souhaite. J'ai dix-huit ans, un copain et même si la vie scolaire ici n'est pas des plus belles, je m'en sors, je peux tenir si ça me permet de passer ma dernière année avec Nash. Mais visiblement, mes géniteurs n'y ont pas pensé.

— Est-ce qu'on peut en parler demain?

Je ne suis pas sûr de tout comprendre correctement, je préfère avoir le point de vue de mes parents avant de concevoir que tout ceci est vrai. J'ai envie d'imaginer un canular.

— Oui, bien sûr, essaie déjà de réfléchir aux combinaisons que tu aimerais faire. On gagnera du temps.

Elle me dit au revoir, je crois, et je fixe l'écran de mon téléphone pour tenter d'assimiler cette conversation improbable. Un rire nerveux m'échappe et je frotte mes mains, qui étaient devenues aussi moites que lors d'un contrôle de math, sur mon pantalon.

Je prends une profonde inspiration, chasse cet instant loin dans ma tête et rentre enfin dans la patinoire. Je secoue vigoureusement mes épaules pour les forcer à se réchauffer tout en avançant vers les gradins. J'aperçois tout de suite Nash, il est concentré sur le palet en sa possession avant de faire une passe à un joueur qui finit par marquer. Ils se jettent dans les bras les uns des autres.

Un flocon incomplet.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant