Chapitre 5 : Souvenirs

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J'ai rencontré ta mère au court d'une de mes énièmes fugues. Il faut que tu sache que j'ai commencé à fuguer seulement à partir de mes seize ans, quand moi et mon frère on a apprit qu'on venait de mères différentes. Déjà avant, mes devoirs princiers et mes obligations de futur roi m'occupaient et ne me laissaient aucun moment de répit, ce qui me rendait fou !

Mais, avant ça, je tenais parce que j'avais mon frère avec moi qui me remontait le moral quand ça n'allait pas ou qui m'emmenait dehors pour me changer les idées, mais après qu'il ait su pour nos mères, j'ai cru le perdre...

Alors, pour me changer les idées seul, je fuyais le palais pour une journée. Il savait où j'allais, mais contre toute attente il ne disait rien à père et, malgré sa haine apparente à mon égard, je continuais de lui raconter ma journée à l'extérieur et il continuait à garder le secret.

Le seul souci, avec moi, c'est que j'étais moins discret sans lui que quand nous étions deux... En même temps, il est le seul à connaitre par cœur les tours de gardes et les emplois du temps des domestiques... Alors, un jour après une dispute avec mon père, j'ai voulu quitter le palais, mais des gardes mon surpris aux abords du palais et ne m'ont pas reconnu : ils ont cru que j'étais un voleur ou un assassin.

Je n'ai pas eu d'autre choix que de m'enfuir et, si j'ai réussi à leur fausser compagnie au début, ils ont vite rappelé toute l'armée pour me poursuivre. Comment dire que, même si c'était plus palpitant que de simplement fuir ou fuguer, j'étais dans la mouise jusqu'au cou et, si mon père l'apprenait, j'étais mort !

Je me suis enfuit vers Argenta et je suis entré dans la première boutique venue, afin de ne pas me faire trop remarquer. Devine dans quelle boutique je suis tombé !

- Euh... Monsieur, tout va bien ? avait demandé une voix douce dans mon dos.

Je me suis tourné vers cette voix et c'est là que je l'ai vu, debout, derrière son comptoir, me regardant avec surprise de ses beaux yeux bleu ciel, vêtue de sa petite robe noire et d'un tablier et ses beaux cheveux sombre coiffé en chignon en haut de sa tête...

- Euh non... Enfin, oui ! Euh... Je suis où, là ?

Elle m'a regardé, surprise et perplexe. Elle a incliné la tête sur le côté et m'a détaillé, quand du bruit est venu de derrière elle. Elle s'est retournée et un jeune garçon est entré dans la pièce, portant à bout de bras un sac en toile marron qui semblait assez lourd.

Il le posa avec un grognement et une espèce de poussière blanche s'en est échappée, les faisant tousser un peu. Il s'est redressé en essuyant la sueur qu'il avait au front et s'est adressé à ta mère :

- Ton père m'envoie faire l'inventaire !

Cette phrase seule l'a faite grimacer et elle a baissé la tête, coupable.

- Tu as encore cassé quelque chose ? demanda-t-il, avec habitude.

Elle fit non de la tête.

- Alors tu as encore renversé un plateau de croissant, brioche ou macaron ? en déduisit-il.

Elle fit oui de la tête, avec un gémissement plaintif. Il a soupiré, visiblement lassé, ce qui failli me faire rire. Je n'ai pas pu m'empêcher de pouffer devant cette scène, mais pour éviter qu'ils le voient j'ai mis mon point devant ma bouche.

Ils se sont tournés vers moi et le garçon a froncé les sourcils en me voyant. Je l'ai détaillé vite fait. Il était plus grand qu'elle, mais avait le même teint clair et les mêmes lèvres rosées. Il semblait fort et ses yeux bleu électrique me fixaient comme on fixe un ennemi. Il portait un tablier, lui aussi, et avait enroulé une espèce de tissu autour de ses cheveux, m'empêchant de voir leur couleur, mais j'étais pratiquement sûr qu'ils étaient bruns et que ce garçon était de la même famille que cette fille. Peut-être un grand frère...

Marc et la malédiction des royaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant