Banrigh

Chapitre 1

Il était déjà tard dans la nuit quand j'atteignis la porte de service du « The Feline's house ». Ce bar que j'avais ouvert il y a de ça quatre ans avait rencontré un grand succès dès son ouverture. La population de San Francisco était friande de ce genre de lieu extravagant, où l'être humain lambda pouvait flirter avec le paranormal.

Pouvoir se mêler à différents types de métamorphes, allant du lion-garou, du tigre-garou, de la panthère-garou sous toutes ses formes pour finir par des loups-garou était pour certains devenu addictif.

Ceux du clan qui travaillaient ici arpentaient le bar sous leur forme humaine ou animale, c'était surtout cet aspect là du club qui attirait autant la foule. Pouvoir caresser un animal dit sauvage sans qu'il vous bouffe les doigts était assez plaisant.

En franchissant la porte une multitude de sons et d'odeurs m'assaillirent, me faisant frissonner et plisser le nez. Malgré toutes ces années j'avais encore du mal à m'y faire.

Mon garde du corps, Juan, me rejoignit en refermant la porte et laissant la fraîcheur de la nuit derrière nous. J'étais toujours accompagnée dans mes déplacements par un garde, il m'ouvrit donc la voie.

Nous guidant à travers le couloir qui desservait les vestiaires des employés. Plusieurs personnes nous saluèrent en passant, certains d'un signe de la main, d'autres en me frôlant ou me touchant le bras, la main , les cheveux. Le contact tactile était très important pour nous tous, cela nous permettait de resserrer nos liens et de nous réconforter au besoin.

Une masse chaude et poilu vint se coller à mes jambes, alors je baissais les yeux pour croiser ceux d'un vert vibrant d'une magnifique panthère noire. Me baissant à sa hauteur, je fis courir mes doigts le long de ses flancs et fourrais mon visage dans son cou, inspirant profondément son odeur musquée et chaude.

- Alejandro,soufflais-je en frottant mon nez à son museau.

Le fauve émit un grognement doux avant d'en profiter pour me lécher la joue de sa langue râpeuse et humide, ce qui provoqua chez moi un éclat de rire.

Alejandro me faisait la cour depuis de nombreuses années mais je m'étais toujours refusée à lui. Il avait donc mis en place mille et une façons de me montrer l'intérêt qu'il me portait et tout ça, que ce soit sous sa forme féline ou humaine.

L'homme était loin d'être vilain, bien au contraire, il était grand près d'un mètre quatre-vingt-cinq et bien bâti, d'une beauté arrogante. Un visage anguleux et bronzé, un nez fin, une bouche aux lèvres pulpeuse appelant aux baisers encadrées d'un collier de barbe noir tout comme ses cheveux qu'il portait court et ses yeux d'un gris bleu.

D'un caractère plutôt ombrageux, il n'en restait pas moins un homme doux, protecteur et très dominant. Ce n'était pas pour rien qu'il était quatrième dans la hiérarchie du clan,devancé par Juan et Noah, l'homme qui partageait certaines des mes nuits au grand damne de Alejandro.

Je me relevais souplement, enlevant une poussière imaginaire de mon pantalon moulant en cuir et replaçais sur mon épaule la longue tresse blonde qui pendait dans mon dos.

- Tun'es qu'un profiteur mon chat, retourne travailler, dis-je encontinuant de sourire tandis que le fauve émettait un nouveau grognement plus long et moins amical.

Pas intimidé pour un sous, je le laissais derrière moi ayant l'habitude de ses petits jeux et grimpais la volée de marche menant à la pièce m'étant réservé. Mon bureau trônait fièrement face à la grande fenêtre sans teint qui me donnait une vue imprenable sur la piste en contrebas.

Un énorme divan d'un rouge profond où reposaient de confortable coussins d'un blanc pur n'attendait que moi et je ne me fit pas attendre. Je fis voler ma paire d'escarpins et me laissais lourdement tomber sur l'assise moelleuse en soupirant de bonheur. Après cette journée à passer d'un rendez-vous à l'autre avec les fournisseurs de mes différents commerces et mes clients, j'étais éreinté.