Banrigh

Chapitre 32

Vivant !

Jack était vivant !

C'était sa voix que je venais d'entendre crier dans mon esprit, j'en étais certaine.

Je basculais vers l'avant, tombant du fauteuil. Atterissant lourdement sur mes membres affaiblis je laissais échapper un gémissement.

Avec désespoir je me jetais à la rencontre de son esprit. S'il avait pu me parler c'est que notre lien était toujours là, quelque part, caché. De tout mon coeur, je m'échinais à me connecter à lui mais je buter à nouveau contre ce mur de ténèbre.

C'était impossible !

Je l'avais entendu et sentis envahir mon esprit, ouvrant ce lien unique entre nous. Je n'étais pas folle à ce point. Pleurant de rage je griffais le sol, laissant quatres longues traces.

Il était vivant !

J'hoquetais en tournant la tête vers Alejandro agenouillé à mes côtés. Avec une force que je ne soupçonnais plus d'avoir, j'attrapais son t-shirt le tirant vivement vers moi.

- Eryn, tes yeux ! Qu'est ce qu'il t'arrive ?

Je me fichais de mes yeux. Jack était vivant et je devais partir à sa recherche. Mais avant ça je devais me débarrasser de mon garde du corps.

- Je me sens fatiguée. Je... J'ai soif ? Lui demandais-je difficilement.

Même moi je n'étais pas certaine de ce que je voulais. Il devait sentir que je lui mentais mais il était tellement heureux de me voir lui parler et demander quelque chose qu'il n'en tint pas compte, prenant mon mensonge pour de l'hésitation. Mon ami me souleva pour me réinstaller sur mon fauteuil.

- Bien sûr, j'y vais tout de suite. Tu veux quoi ? M'interrogea-t-il sérieusement.

- Du thé. Bien chaud, s'il te plaît.

- Bien, j'y vais tout de suite, ne bouges pas.

Un sourire étira ses lèvres. J'étais peiné de lui mentir mais c'était le seul moyen que j'avais pour m'enfuir. Jamais il ne me laisserait partir seule dans mon piteux état et j'étais incapable de lui ordonner de rester ici. J'essayais de lui sourire mais je ne réussis qu'à lui faire une grimace.

Il quitta la chambre et je tendis l'oreille attendant d'entendre la bouilloire en chauffe. Une fois que le bruit caractéristique me parvint je m'avançais le plus rapidement possible de la baie vitrée, l'ouvrant le plus silencieusement possible.

Quand l'air glacial me fouetta le visage, je gémis. Quel froid de canard même pour une garou. Déterminé je me déplaçais pieds nus dans la poudreuse recouvrant la pelouse. Alors que je passais au coin de la maison, je me fis la réflexion que je n'irais pas bien loin sous cette forme là.

Un doute naquit en moi.

Étais-je encore capable de me transformer ?

Je n'avais pas pris ma forme féline depuis mon carnage au nid de vampire et j'étais tellement épuisée que je n'étais pas certaine d'y parvenir.

Balayant cette peur d'un revers de mains, j'envoyais voler mon châle que le vent emporta dans un tourbillon de neige. Me concentrant intensément, je cherchais en moi le fauve depuis des semaines en léthargie et la trouvais blotti sur elle-même. Ce n'était que l'ombre du félin m'habitant habituellement et je pleurais devant ce triste spectacle. Avec douceur je la cajolais, la faisant revenir vers la surface.

Quand je la sentis enfin reprendre sa place, je transmutais. La transformation fut douloureuse mais ce fut libérateur de me retrouver à quatres pattes dans la neige. Nous étions dans son environnement. Je me fondais à merveille dans ce décor hivernale.