Banrigh

Chapitre 23

Le bruit de pas de plusieurs personnes me parvint avant leurs odeurs et je découvris avec surprise que Juan était parmi eux. Lorsqu'il entra dans la pièce en traînant Noah par le bras, j'arquais les sourcils lui demandant silencieusement ce qu'il faisait ici. Il était censé être en vacances avec sa femme.

- Tu ne croyais tout de même pas que j'allais rester bien tranquillement en vacances alors que vous vous êtes faites attaquer. Eryn, tu me connais mieux que ça pourtant.

Je hochais la tête et me rendis compte qu'il m'avait manqué durant ces quelques jours. Juan était mon bras droit mais aussi mon ami, je l'appréciais énormément. Il avait toujours été fidèle à la meute, je savais pertinemment que sans lui les choses ne seraient pas forcément comme elles l'étaient.

- Alors ça y est ! Tu vas me juger devant tout le monde ? Argua Noah rageusement.

Juan lui appuya fortement sur les épaules, le forçant à se mettre à genoux. Et il lui balança une claque derrière la tête le faisant grogner. L'homme à terre se tourna pour lancer un regard que je présumais noir en direction de mon second. Ce dernier lui retourna un sourire des plus carnassiers.

Quand Noah dirigea sa colère sur moi je pus constater que ses plaies à la bouche avaient du mal à cicatriser. Son sourire à la Joker m'écoeura et Alie eut un hoquet d'horreur.

- Vous êtes sérieux ? Depuis quand nous traites tu ainsi ? Questionna Molly en s'avançant le plus près possible de Noah.

- C'est le nouveau qui m'a défiguré mais je me vengerais ! Lui répondit-il d'une voix rauque et cassée.

J'avais dus lui écraser les cordes vocales en le mordant. Ses yeux me lançaient des éclairs et tout son être transpirait la haine qu'il me portait.

- Ne t'avise même pas ne serait-ce que de lui toucher un cheveux, grognais-je sur la défensif. Je n'aurais aucuns scrupules à te tuer si tu t'avisais d'essayer, je n'ai plus aucune patience pour toi Noah. Tu as enfreint les règles  de trop nombreuses fois sans que j'intervienne mais c'est terminé. Aujourd'hui tu vas être jugé et nous déciderons de ton sort.

- Pourquoi le protèges tu autant ? Qu'a-t-il de plus ? Demanda Noah en colère.

Je fronçais les sourcils face à sa question ne sachant quoi répondre. Je ne voulais pas avouer à la meute le lien qui m'unissait à Jack car j'avais encore moi même des doutes malgré toute les preuves qui me sautaient à la figure. Je pris trop de temps à réfléchir et l'homme à genoux devant moi se mit à rire narquoisement.

- Tu es pathétique Eryn. Un homme débarque dans ta vie et tu te tournes vers lui comme une fleur cherchant le soleil mais comme je l'ai déjà dis tu finira par te lasser comme tu l'as fait pour moi. Tu es pitoyable.

- Ferme la Noah ! Tu en es là à cause de ta simple bêtise. Tu n'as jamais sut apprécier ce qu'elle te donnait. Tu avais toujours une critique au bord des lèvres quand elle n'était pas là. Tu n'as jamais fait attention à ce que tu disais devant moi comme tout les autres parce qu'on m'oublie facilement mais j'ai toujours tendu l'oreille à chacune de vos critiques. Je n'ai jamais rien dis pour ne pas blesser Eryn car elle fait toujours de son mieux pour nous tous. Il y en a parmi vous qui êtes ingrats de ce qu'elle nous offre.

Essoufflé et en colère Alie s'était mise face à mon ancien amant, lui crachant à la figure toute la haine qu'elle avait accumulé contre lui.

- De quoi tu te mêle toi ? Il t'est poussé des ailes pour oser me parler comme ça ? Redescends morveuse. Cracha le rouquin.

- Parle lui sur un autre ton, aboya Alejandro en se postant aux côtés de Aliénor.

- Et voilà le plus con de l'histoire, ricana-t-il.

- Tu parles de toi j'imagine, intervint Jack en s'approchant également. Laisse moi t'expliquer quelque chose que Eryn refuse d'évoquer. Ne m'en veux pas Mo Banrigh mais tant qu'il n'aura pas compris il continuera et ça vaudra pour tout le monde.

Il plongea son regard dans le mien, ouvrant grand notre lien pour partager son amour pour moi, sa gratitude de l'avoir accueilli et son calme face à tout ça. Il n'y avait aucune honte à ce qui nous arrivait et il l'acceptait à bras ouvert, savourant chaque sentiment que je lui inspirais. Je pris une grande inspiration et tentais de m'imprégner de ses pensées réconfortantes.

Il me quitta des yeux et s'agenouilla devant Noah le scrutant minutieusement. Ce dernier resta fière les premières secondes que cela dura mais sous le regard pesant de Jack il finit par détourner la tête cherchant du soutien vers Molly qui recula elle aussi sous l'énergie que dégagé mon Apollon. Il pointa un doigt vers mon troisième de meute.

- D'une, il n'y a que moi qui peux l'appeler de cette façon là.

Alejandro souffla en serrant les dents avant de se relâcher comprenant que Jack cherchait juste à l'enquiquiner malgré la situation plus que tendue dans la pièce. Chaque membre de la meute étaient crispés et captivés par Jack. Il avait ce même don d'attractions que j'avais sur eux. Il refoulait son côté Alpha mais ce dernier reprenait le dessus par moment.

- De deux, la femme que tu vois la n'a pas besoin d'un petit merdeux méprisant comme toi dans ses pattes. Tu as reçu plusieurs corrections et tu continues de fanfaronner alors que tu es passé à deux doigts de la mort. Sache que si je n'étais pas intervenu nous n'aurions même pas cette conversation. Ne me regarde pas comme ça, je n'ai aucune pitié pour toi, il m'était simplement impossible de laisser Eryn te tuer car sa culpabilité l'aurait hanté toute sa vie. Selon moi tu ne mérites pas de vivre après tout ce que tu as fait.

Il fit une pause pour contempler l'assemblée face à lui et au moment où il allait reprendre la parole, je le devançais.

- De trois, Jack est mon Fear anam, mon âme sœur ! An ceangal nous lie. En plus de faire partie de la meute il fait partie de moi, ses émotions et ses pensées sont les miennes et c'est pareil pour lui. Alors Noah pour répondre à ta question, il a tout de plus que toi ou n'importe qui d'autre. Je le protégerai comme je le ferais pour n'importe lequel d'entre vous. Respect le. Respect tout le monde ici et comprends que ta place maintenant n'est autre que celle que je voudrais bien te donner...

Ces derniers mots m'arrachèrent la bouche, c'était trop brutal mais je n'avais plus de solution. Je ne pouvais me résoudre à l'abattre mais il pouvait soit continuer à faire partie de  la meute en suivant les ordres à la lettre soit partir. Un silence pesant s'installa et Jack vint vers moi, prenant ma main dans la sienne, caressant ma paume de son pouce. Noah nous dévisagea tour à tour avant de se tourner vers la meute.

- Elle compte me chasser et vous ne dites rien ? Lança-t-il.

Les personnes présentes détournèrent la tête sous son regard, elles ne voulaient pas être mêlées à ça. Seule Molly resta près de lui mais ce n'était pas ce qu'il espérait. Je compris à son expression qu'il s'attendait à ce que plus de gens le soutiennent, manque de bol il n'était pas aussi apprécié qu'il le croyait.

- Alors choisit Noah. Le pressa Juan en le bousculant. Elle a la clémence de te laisser décider alors prend ta décision.

Le rouquin prit le temps de réfléchir tandis que de légers murmures commençaient à s'élever dans le fond de la pièce. Je ne lâchais pas Noah du regard et j'aperçus le petit regard accompagné d'un sourire qu'il lança à Molly avant de se racler la gorge.

- Je choisis de partir. Je renie la meute. Je te renie toi, Eryn, Alpha et Banrigh du clan de Californie ainsi que le liens qui m'unissaient à toi...

À la fin de sa phrase se fut comme si le temps venait de s'arrêter. Les respirations furent retenues et une douleur intense me parcourut. Le lien déjà fragile entre nous vola en éclat alors que mon fauve hurlait en moi. Je me retins d'en faire autant, serrant les dents. Un frisson parcourut l'assemblée, eux aussi avait senti quand le lien s'était rompu. Il nous avait renié, brisant la magie qui nous liait.

- Alors prend tes affaires et va-t-en ! Tu n'as plus rien à faire ici...

Je lui crachais ces mots avec colère. Il se releva fièrement adressa un dernier regard à Molly et tourna les talons suivit de Juan. Ce dernier, je le savais l'accompagnerait récupérer ses affaires et le guiderait jusqu'au portail.

Quand ils franchirent la porte je ne pus empêcher une larme de couler sur ma joue.