Chapitre 13

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▪ Magnus ▪

Que vient-il de se passer ? J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure et je ne peux m'empêcher de poser ma main sur mon torse pour essayer de le calmer un peu. Alec soupire et rejoint son père, moi je prends une seconde pour me remettre. Je suis perdu, j'avoue. Je pensais qu'il était purement hétéro mais son invitation soudaine et ça, là, cet instant qui a été interrompu bien trop brutalement, je ne l'ai pas rêvé, n'est-ce pas ?

Je referme la porte de la chambre avant de me diriger vers la cuisine. Le regard noir de Robert ne me quitte pas et je fais de mon mieux pour l'ignorer. Je ne suis pas certain de ce qu'il a pu voir, mais compte tenu de son comportement à mon égard depuis mon arrivée je devine qu'il n'accepte pas trop l'homosexualité. Me voir proche de son fils doit lui donner de l'urticaire. Il se place même subtilement entre nous en avançant d'un pas, je suis obligé de m'arrêter pour ne pas le bousculer alors que je voulais juste aller chercher mon chat. Il vaut peut-être mieux que je parte.

— Eh bien, que se passe-t-il ici ?

Je me tourne vers Maryse qui arrive à son tour et semble surprise de nous trouver tous les trois dans la cuisine. Il faut dire que l'ambiance est un peu tendue. Le visage de Robert se fend d'un grand sourire et il va enlacer sa femme.

— Mais rien du tout, ma colombe, lui répond-il d'une voix mièvre.

Je hausse les sourcils, je ne m'attendais pas à ce genre de surnoms de sa part. Du coin de l'œil, je vois Alec qui lève les yeux au ciel. Apparemment, c'est habituel, ce qui m'étonne encore plus. La mère de mon voisin embrasse son mari avant de s'échapper pour faire la bise à son fils.

— Bonsoir, tous les deux, nous dit-elle. Je suis surprise de vous voir, Magnus !

— Je suis venu prendre des nouvelles d'Anna.

— Oh, vous êtes adorable. Elle semblait si mal quand elle m'a appelée tout à l'heure.

— Ce n'est que de la fièvre, tempère Alec. Ça ira vite mieux.

Cette enfant a tant d'énergie, je doute qu'un rhume réussisse à l'aliter plus de quelques jours.

— Bien, puisqu'elle est couchée, vous pouvez rentrer chez vous, me lance Robert, acide.

— Papa !

Ça aurait été trop beau qu'il fasse au moins semblant d'être cordial. Alec me lance un regard désolé alors que Maryse frappe son mari.

— Sois plus poli avec l'invité de ton fils ! Que tu es bourru. Pardonnez-le, Magnus.

— Bien sûr, réponds-je avec un sourire qui irrite le concerné.

— Nous aussi, nous sommes venus prendre de ses nouvelles avant de rentrer à la maison, explique-t-elle.

Son inquiétude pour sa petite-fille est terriblement touchante, je n'ai pas l'habitude des familles à ce point aimante. Ce n'est pas vraiment le modèle avec lequel j'ai grandi, bien que nos pères semblent avoir pas mal de points communs.

— Oh, et puis j'ai arrangé un second rendez-vous pour Lydia et toi ! continue-t-elle comme si elle venait juste de s'en souvenir.

— Quoi ? s'exclame mon voisin. Je croyais vous avoir dit que je ne...

— Je sais, je sais ! le coupe-t-elle. Mais elle semblait tellement heureuse de votre rencontre ! Elle n'arrête pas de dire à quel point tu as été un gentleman et si doux avec elle.

OK, j'aurais mieux fait de partir tout à l'heure, finalement. Je jette un regard vers Alec qui se passe la main sur le visage, sans cacher son agacement. J'ai moi-même du mal à cacher ma déception. D'accord, peut-être me suis-je trompé. Peut-être est-il bisexuel, après tout. Ou peut-être était-ce juste une erreur, tout à l'heure. J'ai cru que son invitation soudaine voulait dire quelque chose, mais je ne dois pas oublier qu'il sort plus ou moins avec cette Lydia.

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant