Chapitre 36

170 18 30
                                    

▪ Magnus ▪

Je ne m'attendais pas à quitter New York plus facilement la seconde fois. Enfin, ce n'est pas tant New York que je quitte qu'Imasu qui m'avait fait échapper aux adieux larmoyants la dernière fois, en n'étant pas en ville le jour de mon départ. Et pour ça, le départ a été un peu plus compliqué parce qu'il a décidé de ne pas me laisser entrer dans ma voiture. Accroché à moi, il a même fini par oublier qu'il avait un rendez-vous important.

— Au moins, cette fois, tu ne pars pas comme un voleur, a-t-il soufflé en me serrant plus fort dans ses bras. Et je sais où tu es.

Ce sont ces derniers mots qui m'ont fait comprendre qu'il ne parlait pas d'il y a deux mois, mais de mon départ de Chicago. Je n'ai bien sûr pas pu le prévenir, je n'avais même pas emmené mon portable, pour qu'on ne puisse pas me joindre. Mais je connaissais son numéro de téléphone par cœur et je l'avais contacté à mon arrivée, en lui faisant promettre de ne pas dire à mes parents où j'étais. Même si je savais déjà qu'ils s'en fichaient très certainement, je n'avais rien emmené d'important après tout.

On est resté un long moment à s'enlacer, dans le parking, alors qu'Alexander attendait patiemment. C'est en entendant son téléphone sonner dans sa poche qu'Imasu m'a enfin libéré. On s'est embrassés une dernière fois et je me suis installé derrière le volant.

— Désolé que ça ait pris du temps, ai-je dit à mon petit ami après quelques minutes.

— C'est normal que ce ne soit pas facile. J'imagine que ça me prendrait aussi tout ce temps de dire au revoir à ma famille.

C'est vrai que, pendant toutes ces années, Ragnor et Imasu ont été ce qui se rapprochait le plus d'une famille pour moi, mais j'ai tellement passé de temps à associer la famille à du négatif que je me suis souvent empêché d'y penser. J'ai même souvent repris des personnes qui me demandaient si Ragnor n'était pas comme un second père pour moi. Comme le père qui me rabaissait en permanence et m'a tabassé quand il a appris que j'étais attiré par les hommes ? Ragnor est l'opposé absolu de l'image que j'ai d'un père.

J'ai laissé le volant à Alexander après la première moitié du trajet, en passant la frontière du Maryland. Bien qu'il n'ait pas la même passion que moi pour les vieilles voitures, je pense qu'il est heureux de la conduire. La météo clémente nous a même permis de faire la fin du voyage avec le toit ouvert, ce qui devrait nous faire une belle arrivée en ville.

J'ai quand même un petit pincement au cœur sur les derniers miles, Alexander aussi parce qu'il décide de s'arrêter sur une aire de repos où l'on profite d'un coin à l'écart pour s'embrasser passionnément durant de longues minutes. Ça va être si difficile de ne pas le toucher, de ne pas prendre sa main quand il sera près de moi.

Arrivés à Luray, on s'arrête au musée plutôt que d'emmener ma voiture jusque chez moi. C'est une demande de Robert. Apparemment, comme il veut l'exposer, il n'a pas envie que trop de personnes aient l'occasion de la voir garée dans mon allée. Vu que j'y ai déjà ma voiture de location, je n'ai pas protester. Aussi, je pense qu'on ne peut pas me reprocher d'avoir envie de le contenter et d'être dans ses bonnes grâces, parce que cela risque de ne pas durer.

On arrive tard mais il y a encore du monde sur le stationnement lorsque nous passons devant. Alexander fait le tour de la place et du musée pour garer la voiture devant une porte de garage, presque à l'abri des regards. On soupire en même temps, fatigués par le voyage. Mais je n'ai pas le temps de lui donner un dernier baiser que, déjà, des cris se font entendre. C'est la voix d'Anna. On sort de la voiture, ainsi que nos bagages et, quand la petite fille apparaît, elle court vers nous comme si nous étions partis depuis un mois. Cela m'amuse, elle est tellement adorable, mais elle me surprend en me sautant dessus.

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant