Chapitre 17

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▪ Alec ▪

Les matins des deux dernières années se sont succédé sans que je ne vois le temps passer. Anna est une enfant hyper active et, parfois, j'ai même songé à dormir dans la niche d'Otis, juste pour un matin. Un seul jour, pour tenter d'avoir un semblant de paix. J'aime ma fille plus que tout, mais me prélasser au lit demeure, jusqu'à aujourd'hui, un état dans lequel je n'ai plus eu droit depuis son arrivée dans notre maison.

Alors, comment pourrais-je ne pas apprécier cette matinée si douce que je passe au lit avec Magnus ? En me réveillant, je n'ai pas osé bouger puisque mon prof préféré s'était logé au creux de mes bras. Son souffle chaud s'échouait silencieusement dans mon cou, comme si une brise du sud me laissait rêver au bord de mer. Le calme, la plénitude, je les ai tous les deux accueillis sans penser une seule fois à ma petite brunette.

Depuis quelques minutes, je sens que Magnus s'éveille, sa respiration est moins régulière, son pied s'est entortillé au mien, sa main qui reposait sur mon torse descend sur mon ventre sans subtilité. Il croit sans doute que je dors toujours et j'apprécie qu'il me laisse profiter. À moins que ce ne soit lui qui en profite ?

J'aimerais bien rester encore un peu, sauf que j'ai promis d'aller chercher Anna le plus tôt possible afin d'aller magasiner des effets scolaires. Ma suggestion de magasinage en ligne n'a pas fonctionné, elle préfère voir et papillonner d'une allée à l'autre. Pourquoi ai-je encore plié ? Je pourrais rester auprès de cet adonis dont je partage le lit. Comme pour me rassurer que je ne rêve pas, je remonte ma main sur son bras qui m'entoure et profite un instant de la douceur de sa peau. J'arrive jusqu'à son épaule qui se couvre de chair de poule.

Tiens donc !

J'ouvre un œil et n'ai pas le temps de faire le focus que ma bouche est happée par celle de Magnus, qui est probablement encore plus douce que sa peau. Voilà la manière dont j'aimerais être réveillé chaque matin : un corps chaud et agréable, des papouilles pendant des minutes interminables, voire des heures si c'est possible, un baiser passionné et bien sûr, les miaulements d'un jeune chaton dont j'avais oublié l'existence ? Malgré toute ma force de préhension, Magnus tente de se déprendre.

— Alexander ! Qu'est-ce que tu fais ? s'amuse-t-il en réussissant à libérer son bras.

— Je faisais le plus beau des rêves, grogné-je sans plus de retenue. Pourquoi as-tu acheté un chat ? Maintenant, je vais devoir te partager avec lui.

— Maintenant ? Je te rappelle que c'est toi qui es arrivé après lui.

— Pour ma défense, j'ai mis les pieds dans cette maison avant Freddie.

— Pour sa défense, il m'a fait savoir bien avant qu'il voulait de moi. Allons Sayan, je t'offrirai tous les câlins que tu veux après lui avoir donné à manger.

— C'est mon premier matin en deux ans où je n'ai pas à bosser ou à me coltiner Anna, j'espérais un peu plus de compassion de ta part, Pacar.

Dès que je prononce ce dernier mot, Magnus se fige. Ça y est, j'ai tout bousillé. je dois avoir dit quelque chose d'ignoble dans sa langue maternelle. Pourtant, il me semblait bien que ma prononciation était correcte. Ce n'est pas la première fois que je pratique ce mot. Au lycée, j'ai fait un exposé sur l'Indonésie. Je devais présenter ce superbe pays en classe et j'y ai mis un peu plus de temps que nécessaire en voyant combien les habitants étaient magnifiques. Évidemment, une chose en entraînant une autre, j'ai terminé sur un site où les mannequins masculins indonésiens s'y retrouvaient. De vraies beautés. Je me suis dit qu'un jour je m'y rendrais. Peut-être même m'y établir puisque les hommes là-bas me fascinaient. Bien sûr, c'était il y a plusieurs années déjà, mais je me souviens encore des quelques mots que j'ai appris pour mon périple qui n'aura pas lieu puisque ce n'était qu'un rêve d'adolescent.

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant