Chapitre 11

224 22 27
                                    

▪ Magnus ▪

Après avoir vaguement somnolé, ce dont je ne suis même pas certain parce que j'ai l'impression d'avoir passé des heures entières à fixer le plafond de ma chambre, j'ai fini par m'extirper de mon lit pour faire quelque chose de productif. Mon corps est encore trop lourd des gâteaux dont je me suis gavé et la culpabilité me tiraille et m'empêche de trouver le sommeil. Je le sais. J'en ai conscience. C'est ça le pire, j'ai conscience de ce qui m'arrive. Docteur Carstairs, je n'ai pas complètement oublié ce que vous m'avez appris, c'est juste que je ne sais plus comment le mettre en application. J'erre au milieu de mes pulsions comme un animal, sans rien savoir réprimer, sans avoir aucun contrôle. Mais ça ne peut pas durer, après tout, c'est pour ça que j'ai quitté la compagnie.

Je me change, décidant d'aller courir. Cela me perturbe, depuis quelques jours, d'être à ce point inactif et c'est à cause de ça que je me concentre autant sur mon poids. Sans même regarder l'heure, je quitte la maison.

Je ne sais pas combien de temps je cours. Tout ce que je sais, c'est qu'à chaque fois que je pense à de la nourriture, je rallonge ma séance d'une demi-heure. Je vois le ciel s'éclaircir, les réverbères s'éteindre, la ville se réveiller peu à peu. Et mon tourment s'apaise à mesure que mes muscles s'épuisent.

Sur le chemin du retour, je croise certaines de mes élèves qui partent à l'école et me saluent en passant. Je ne peux pas m'empêcher de sourire alors qu'elles me souhaitent une bonne journée. Les quelques adultes que j'ai croisés ont à peine esquissé un geste alors même que je sais qu'ils m'ont vu. Comme souvent, les enfants sont plus civilisés que les adultes.

Pour rentrer chez moi, je passe devant la maison de mon voisin et il ouvre la porte au même moment. Anna passe sous son bras et part en courant.

— Salut, Magnus ! crie-t-elle en passant à côté de moi.

— Bonne journée, Princesse !

Elle fait un signe de main sans se retourner.

— Elle doit rattraper ses copines, m'informe Alec. Elle est un peu en retard, ce matin.

— Oh, je vois. Je pourrai la taquiner la prochaine fois.

Je l'entends rire et je me tourne enfin vers lui pour le regarder. Il est visiblement prêt à partir au travail mais je le trouve un peu pâle – plus que d'habitude.

— Tu es allé courir ? me demande-t-il avant que je ne m'enquiers de son état.

— Ouais. Il est temps de reprendre les bonnes habitudes.

— Pour hier soir, je...

— Me revoilà !

La voix désagréable de la blonde me fait me crisper et elle nous rejoint, tenant un sac de pâtisseries. Elle s'approche d'Alec et pose une main sur son bras avant de faire mine de m'avoir vu. Alors qu'elle est passée juste à côté de moi.

— Oh bonjour... Hum... Mason, c'est ça ?

— Magnus, rectifié-je en gardant un sourire poli.

Ça me coûte sans doute plus que d'habitude d'être courtois, et j'entends le soupir du brun. La jeune femme me détaille du regard, ce qui me met très mal à l'aise. Je ne suis pas au mieux de mon apparence, encore que j'ai évidemment choisi ma tenue de sport avec goût mais je suis en sueur, probablement un peu décoiffé... bref je ne dois pas ressembler à grand chose, alors qu'elle, elle est parfaite, exactement comme hier soir. Et c'est là que je réalise qu'elle porte les mêmes vêtements qu'hier et a les cheveux détachés, mais son maquillage est nickel. A-t-elle vraiment dormi chez lui ? Ah stop, c'est pas mes affaires, de toute façon !

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant