Chapitre 46

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▪ Alec ▪

J'ai dû user de tout mon charme pour que Magnus finisse par plier. Lorsque Maman l'a invité pour Noël, il a refusé, prétextant qu'il ne voulait pas envenimer les choses avec Papa. La déception qu'elle a ressentie a vite donné des cauchemars à mon prof préféré. Je sais qu'il voulait venir et que Papa était un obstacle, mais, au final, il a fini par m'avouer sur l'oreiller que sa maladie n'est pas contrôlée et qu'il ne voudrait pas faire une crise devant ma famille.

J'ai donc essayé à trois reprises de le faire changer d'avis avant de parvenir à mes fins. Je l'avoue ma quatrième tentative ne s'est révélée un succès que parce que j'ai flirté toute la soirée sans jamais l'embrasser. Je voulais qu'il ait envie de moi à un point qu'il ne pourrait rien me refuser. Et comme prévu, il s'est fait prendre comme une débutante. J'en ris encore en le regardant aider Maman de l'autre côté du comptoir. Mon bel asiatique, à bout de nerfs de ne pas avoir satisfaction, a juré entre ses dents avant de me demander qu'est-ce qu'il pourrait faire pour que je cesse de le titiller et recevoir enfin un baiser. De mon sourire ravageur, j'ai simplement demandé à ce qu'il m'accompagne ce soir.

Je sais, c'était déloyal de lui faire un coup pareil. Cependant, maintenant que nous sommes arrivés chez mes parents, il ne cesse de sourire en aidant Maman. Les moments complices qu'ils partagent m'emplissent de fierté. J'ai un homme fabuleux qui n'a pas eu une enfance heureuse. Voir qu'il fait tout ce qui est en son pouvoir pour que ma famille reste soudée malgré nos divergences est un grand pas vers la guérison.

Seule ombre au tableau, Anna n'a toujours pas digéré que son papy s'en soit pris à Magnus. Je dois avouer que ma petite tornade s'y prend plutôt bien pour énerver Papa. Dès qu'il essaie de l'aider pour quelque chose, elle se tourne vers Magnus et lui demande, tout en s'assurant que Papa voie tout. Il en est de même s'il veut lui montrer quelque chose de nouveau dans les décorations ou dans la parade du Père Noël qui passe au canal des enfants. Elle fait comme s'il n'existait pas et vient plutôt me voir ou s'asseoir dans les bras de Jace.

Le rire de Magnus retentit comme une mélodie à mes oreilles, ce qui me sort quelques instants de mes pensées profondes. La cannelle qui recouvre le dessert préféré d'Anna fait éternuer Maman. Nous le savons tous mais, lui, c'est la première fois qu'il en prend connaissance.

– Vous voulez dire que cette épice inoffensive peut vous faire éternuer vingt fois en ligne. Mais c'est une blague ? s'amuse-t-il à ses dépens.

— Oh, jeune homme ! Un peu de respect pour ta belle-mère, rétorque-t-elle avec un sourire qui s'étire et des yeux rieurs avant d'éternuer de nouveau.

— Mille pardons ! Vous voulez un mouchoir ? Je reviens tout de suite.

Mon amant se dirige vers la salle de bain et crie du même coup.

— Mais pourquoi faites-vous ces brioches si elles vous font un tel effet ?

Il revient avec la boîte et la tend à Maman tout en attendant une réponse. Je ne l'ai jamais vu aussi détendu et pourtant, Papa ne cesse de le suivre des yeux depuis que nous sommes arrivés.

— C'est pour ma petite fille, dit-elle entre deux éternuements. Anna adore les brioches, n'est-ce pas mon petit cœur ?

Ma fille se retourne trop brusquement, elle qui peint un sapin depuis quelque temps renverse son verre d'eau qui lui sert de diluant. Le contenant tombe tout près d'elle et l'éclabousse. Penaude, elle découvre ses collants blancs tachetés d'une eau brunâtre. Les larmes lui montent aux yeux et Magnus se précipite à ses côtés pour la rassurer. Il la soulève et passe une main dans sa chevelure. Tout doucement, il lui murmure des mots réconfortants puis elle se laisse aller contre son épaule en reniflant.

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant