Chapitre 8

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▪ Magnus ▪

Pour le parc, Tessa n'a pas menti, ni exagéré. Bien que j'avais l'habitude de me promener dans Central Park dès que j'avais un peu de temps libre – ce qui n'arrivait malheureusement pas si souvent que ça –, je dois avouer que je suis plus sensible au charme de cet endroit, plus petit, plus intime. Il n'y a pas des gens partout, tout le temps. Ou alors c'est simplement parce que je le découvre en charmante compagnie.

— Anna a l'air d'aimer beaucoup la danse, dis-je alors que je regarde la petite fille qui danse au lieu de simplement marcher.

Alec tourne la tête pour la regarder faire un petit saut, son sac lui retombant sur le dos quand ses petits pieds touchent le sol.

— Ouais... Ses parents adoraient ça, aussi, et ils dansaient tout le temps. Même si elle était petite, elle s'en souvient.

Je me mords un peu la lèvre, j'ai entendu parler du frère d'Alec à plusieurs reprises mais je n'ai pas osé faire de conclusion ni même demander clairement à Tessa la raison pour laquelle c'est Alec qui s'occupe d'Anna.

— Tessa m'a dit que ton frère a été un de ses élèves.

— Malgré les réticences de notre père, oui, il l'a été. Il était très doué et il est même allé à Juilliard. C'est là-bas qu'il a rencontré sa femme, Jessamine. Il devait même reprendre l'école au départ de Tessa, c'était décidé depuis longtemps. Mais ils ont eu un accident de voiture et...

Il baisse la tête, sans terminer sa phrase. Il n'en a pas besoin, cela dit.

— Je suis désolé, murmuré-je en posant ma main sur son bras, une seconde. Je les ai peut-être croisés, à Juilliard. Tu pourras me montrer une photo d'eux ?

Nous n'étions sans doute pas dans la même promotion, mais le nombre d'étudiants n'est pas colossal. Si nous y étions durant les mêmes années, nous nous sommes certainement vu une fois ou deux. Alec me sourit et hoche la tête.

— C'est courageux que tu aies pris leur fille avec toi, surtout en tant que célibataire.

— C'était la volonté de Max et Jessamine. Tu as déjà eu un aperçu du caractère de mes parents. Même s'ils adorent Anna, je me demande parfois comment ils ont fait pour élever quatre enfants sains d'esprit.

Sa remarque me fait pouffer de rire mais je crois que je comprends ce qu'il veut dire. Il n'y a qu'à entendre la façon dont il parle à son père pour voir qu'ils ont du mal à se comprendre l'un et l'autre. Et je sais parfaitement ce que c'est, même si ça fait des années que je n'ai pas parlé au mien.

— Ça n'a pas l'air d'être évident tous les jours, soufflé-je pour ne pas avoir l'air médisant.

— M'en parles pas ! En plus, depuis quelques mois, ils se sont mis en tête qu'Anna a besoin d'une maman, alors ils m'organisent des rendez-vous avec des femmes que je ne connais pas.

— J'ai cru comprendre ça, oui.

On s'arrête et il soupire longuement. Anna nous rejoint et caresse le chien encore mouillé. Elle l'est tout autant, d'ailleurs.

— Au fait, c'est Heidi qui va te garder demain soir, lui dit-il.

— Oh non ! J'aime pas Heidi !

Mon voisin hausse les sourcils, surpris par la soudaine rebuffade de sa fille. Elle grimace, passe ses mains sur son visage, pousse un très très long soupir et je dois prendre sur moi pour ne pas rire à nouveau.

— Qu'est-ce qu'elle a de mal, Heidi ?

— Mais elle est toujours en train de dire du mal des autres ! En plus, elle dénigre toutes les femmes avec qui tu sors depuis que tu as refusé un second rendez-vous avec elle !

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant