Chapitre 26

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▪ Alec ▪

Magnus est intraitable et ne me laisse pas l'approcher de toute la soirée. C'est insoutenable de l'avoir si près alors que je n'ai droit qu'à des coups d'œil réprobateurs. Au désespoir, je calque les yeux de merlan frit que mon chien me fait sans arrêt quand il désire avoir une bouchée de notre repas et regarde mon amoureux en essayant d'avoir l'air le plus pitoyable possible.

Mon bel asiatique jette un œil vers Anna qui ne cesse de changer de bras. Parfois elle se cale contre moi, parfois contre Magnus. En ce moment, elle semble s'être endormie, la tête sur la poitrine de mon amant. Celui-ci l'a d'ailleurs entourée de son bras protecteur et lui flatte les cheveux tout en regardant le film.

Ce tableau est parfait ! Bien plus encore que ce que j'espérais ce soir. Anna était sur le point de me faire une crise digne d'une des femmes Lightwood tout juste avant que Magnus n'arrive. Qu'il ait réussi à l'apaiser tient presque du miracle quand on la connaît aussi bien que moi. J'esquisse un sourire lorsque la petite main de ma fille tombe mollement sur la cuisse de mon prof préféré.

Magnus l'a aussi remarqué et d'un regard entendu, il ouvre le bras pour que je puisse la prendre pour l'emmener jusqu'à son lit. Ses cheveux lui tombent sur le visage et sa bouche est entrouverte. Si elle pouvait toujours avoir l'air aussi angélique lorsqu'elle est éveillée, ce serait le nirvana. Magnus me suit jusqu'à la chambre puis s'appuie au chambranle de la porte tandis que je recouvre ma fille de sa couverture et que je lui mets son doudou dans les bras.

Nous repartons vers le salon sans oublier de lui attraper la main. Suspicieux, Magnus regarde vers l'escalier pour s'assurer qu'Anna n'est pas en train de nous épier.

— Elle dort, Pacar. Tu n'es plus obligé de te cacher maintenant.

— Je sais, mais c'est plus fort que moi.

— Allez, un tout petit baiser, juste pour me faire plaisir. Je vais finir par me dire que je ne te donne plus le grand frisson.

— Chut ! Moins fort ! Ta fille vient à peine de s'endormir.

— Elle dort comme sa mère ! Une bombe aurait détruit la maison d'à côté que Jessamine n'aurait jamais rien entendu dans son sommeil.

— En parlant de ça...

Magnus s'assoit nerveusement sur le canapé, à très bonne distance de moi et triture ses doigts comme s'il allait me dire quelque chose de très effrayant.

— Vas-y ! Je suis capable d'en prendre, rigolé-je malgré moi. Après ce friendzone que je viens de vivre en ta compagnie, je crois que plus rien ne peut m'affecter ce soir.

— Ne le prends pas mal, Sayan. Anna m'a dit qu'elle espérait que tu aies bientôt une petite amie. Elle a besoin de l'attention d'une femme. Et ne viens pas me dire que ta mère et ta sœur sont suffisantes. Lorsque je l'ai gardée, elle s'est confiée avec toute la candeur d'une enfant. Sa mère lui manque et même si je ne doute pas que tu sois un père très attentionné, les petits trucs comme lui mettre du vernis à ongle ou la coiffer, voire même la maquiller pour s'amuser, ça reste un truc entre une mère et sa fille. Elle se désespère d'un jour retrouver ces petits moments. Je me fais l'effet d'un imposteur. En tout cas jusqu'à ce que tu aies enfin la discussion avec elle qu'elle devra se contenter de deux papas. Je ne dis pas que nous serons toujours ensemble à ce moment, c'est juste qu'elle doit savoir que tu ne réaliseras jamais son rêve.

Il a de nouveau penché la tête, incapable de me regarder en face. Sa jambe se met à sautiller, pris par l'angoisse de je ne sais quelle autre pensée. Je pose ma main sur son genou pour le calmer, mais il se penche vers la table et prend le bol de pop-corn encore à moitié plein. Il engouffre, en quelques secondes, presque tout le contenu avant que j'ai la présence d'esprit de le lui enlever.

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant