Chapitre 51

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▪ Magnus ▪

À peine me suis-je engagé dans le passage conduisant à la partie des grottes destinés aux visiteurs expérimentés que j'ai entendu Anna crier contre son père. Contrairement à la première fois où je suis venu, je ne porte pas de vêtement fragile, néanmoins ma veste ne cesse de se prendre dans la roche et je sens la poussière me tomber dessus. J'essaie de ne pas penser à l'éboulement qui date de pas plus d'une semaine et remercie le ciel de ne pas être claustrophobe alors que j'ai l'impression que l'endroit est plus étroit que la dernière fois. Une petite voix me crie que je me laisse aller et que j'ai pris du poids. Je me mords la lèvre et continue d'avancer.

J'en suis à la moitié du chemin quand j'avertis mon petit ami de ma présence, Anna me réclame. Cela me surprend quelque peu, je m'attendais à ce qu'elle ne veuille plus me parler après que je lui ai menti, ou plutôt que je lui ai caché la vérité.

Après plusieurs minutes, je m'extirpe enfin de la faille. J'ai le souffle court à cause de ma hâte et de mon inquiétude qui ne se calme pas quand je vois l'état de la grotte. Je sens presque les murs qui tremblent lorsqu'Otis se remet à aboyer. Je rejoins Alexander qui n'essaie même plus d'avancer vers sa fille.

— Je t'avais dit de faire sortir les filles, s'écrie-t-il en me regardant.

— C'est fait, elles sont en sécurité. Alors je suis revenu t'aider.

— Tu n'aurais pas dû, c'est dangereux !

— Oui, ta sœur m'a déjà prévenu. Mais j'allais pas attendre sagement dehors !

Il détourne la tête, cachant un sourire. Aucune chance qu'il ait le dernier mot dans une situation pareille. En plus de ça, deux des filles sont blessées donc il n'est pas difficile de comprendre qu'il aura besoin d'aide pour les ramener en lieu sûr... surtout si sa petite chipie décide de n'en faire qu'à sa tête.

D'ailleurs, elle se lève et pose ses poings sur ses hanches, je vois sur son visage qu'elle essaie de cacher la douleur derrière sa colère.

— Je veux pas que tu partes ! crie-t-elle de toute sa voix. T'as pas le droit de partir !

— Mais je ne compte aller nulle part, lui réponds-je en m'approchant.

Alexander me souffle de faire attention alors que je commence à monter sur le monticule où est perchée ma petite danseuse. Les pierres sont instables, entre celles qui roulent et d'autres qui n'attendent que de basculer dans le vide, je prends mille précautions pour arriver à elle. Je m'agenouille pour être à sa hauteur.

— Où penses-tu que je vais partir ? Je n'ai pas envie de m'en aller.

— Pourquoi je te croirais ? Tu m'as déjà menti ! Vous me mentez tout le temps, vous me cachez des choses ! Tu crois que je suis aveugle ?

— Anna, s'il te plaît...

— Je te déteste ! T'es un menteur !

— Tu as raison, je suis désolé. Je n'aurais pas dû garder pour moi que je n'avais plus le droit d'être votre professeur, mais je ne savais pas comment te le dire, avoué-je en prenant ses mains. En revanche, je te jure que je n'ai aucune intention de partir. Fais-moi confiance, s'il te plaît.

— Je veux pas... Tu vas m'abandonner, toi aussi.

Ses yeux se remplissent de larmes qu'elle essuie d'un revers de main. Je savais qu'elle m'en voudrait, qu'elle serait en colère, mais pas à ce point-là. J'ai trahi sa confiance et, parce que ce n'est pas la première fois, elle se dit que je n'en suis plus digne. C'est peut-être vrai...

— Madzie, repars vers la faille, dit soudain Alexander.

Je le regarde, il se lève en aidant Christie à faire de même. La pauvre enfant se tient la tempe et se cramponne à la main de mon petit ami. Ses joues, comme celles de Madzie, sont couvertes de larmes maintenant. Les pauvres, elles sont terrorisées.

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant