Chapitre 50

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▪ Magnus ▪

Mais que leur est-il passé par la tête ? J'ai du mal à croire que tous ces petits anges aient pu faire une chose pareille ! Oui, elles ont toutes leur caractère et certaines sont même carrément pourries gâtées. Si leur mécontentement concernant la nouvelle situation ne me surprend pas, je ne m'attendais pas à ce que cela prenne ce genre de tournure. Une fugue ? Elles n'ont que huit ans ! Il y a même deux petites qui sont plus jeunes, c'est insensé !

Les doigts de mon petit ami broient presque les miens alors que j'essaie de ne pas montrer ma panique. Flanqués d'Otis, nous partons vers les grottes en courant, sans même repasser par la voiture pour ne pas avoir à faire un détour qui nous ferait perdre un temps certainement précieux. J'ai demandé à Izzy de prévenir les autres parents, bien que j'espère me tromper et recevoir un appel, à tout instant, pour nous dire qu'elles ont fini par atterrir chez Dot. Sauf que je ne reçois rien et qu'Otis semble s'affoler à l'approche de l'entrée. Alexander resserre ses doigts sur la laisse. Je n'arrive pas à savoir si cette grosse bête a peur d'aller à l'intérieur ou bien s'il essaie de nous faire comprendre quelque chose.

Nous passons par-dessus les bandes alertant le public que les grottes ne sont plus accessibles, dû à l'éboulement qu'il y a eu en début de semaine, rien n'a bougé mais elles pourraient aisément être passées au-dessus, ou même en-dessous.

— Je leur avais dit de mettre une grille pour empêcher les gens d'entrer, grogne Alexander en avançant plus vite.

— On va les retrouver, Sayan, ça va aller.

Il hoche la tête pour essayer de se rassurer, j'espère qu'il n'a pas entendu les tremblements dans ma voix. Nous avançons pendant quelques minutes, notre silence uniquement perturbé par l'agitation constante d'Otis qui tire dans tous les sens, la truffe en l'air, quand d'autres voix trahissent une autre présence que la nôtre. Il nous faut rejoindre la salle de l'orgue pour trouver le groupe de fillettes. Elles se lèvent toutes en nous voyant et elles me sautent dessus.

— Magnus ! Magnus, t'es là !

— Oui, mais la question c'est pourquoi vous, vous y êtes !

Je les regarde et réalise rapidement qu'elles ne sont pas toutes ici. Il en manque trois : Madzie, Christie et, évidemment, Anna.

— Où sont les autres ? crie Alexander.

Holly, la plus jeune, se met à pleurer. Le cri de mon petit ami résonne dans la salle mais aucune ne répond. Je m'accroupis pour prendre Holly dans mes bras, elle a l'air terrorisée, mais je ne peux pas en vouloir à Alexander de l'être également. Anna manque toujours à l'appel, je n'ose imaginer à quel point il doit être inquiet.

— On devrait prévenir les autres parents qu'on les a trouvées, suggéré-je en me levant, la petite agrippée à mon cou.

— Ramène-les dehors, je vais continuer à les chercher.

— Non, pas tout seul !

— Ne t'en fais pas, je connais cet endroit comme ma poche.

Il ne me laisse pas l'occasion de protester à nouveau qu'il repart déjà avec le chien. Je me mords la lèvre et dois réprimer mon envie de le suivre. Il faut que je sorte les fillettes d'ici avant tout. Je dis à celles qui étaient assises de se lever et je les dirige dans le couloir par lequel nous sommes arrivés.

— Dîtes-moi ce qui s'est passé, ordonné-je pendant le trajet.

— On veut pas d'une autre prof ! Pourquoi t'es pas venu aujourd'hui ?

Le groupe s'arrête, comme si elles venaient de se souvenir qu'elles m'en voulaient à moi aussi. Je soupire, j'aurais dû me douter qu'elles attendraient une explication mais je n'en ai pas vraiment préparé. Je ne peux pas leur dire la vérité.

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant