Chapitre 9

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▪ Magnus ▪

Je relève les yeux vers la pendule accrochée au mur du salon et réalise qu'il est trente minutes plus tard que l'heure à laquelle je m'attendais. Je lâche un juron en posant mon ordinateur portable sur le canapé et file dans ma chambre pour me préparer. Non, je n'ai pas oublié ma promesse de baby-sitting pour mon voisin scandaleusement beau. Et hétéro. Pas que je regrette, ceci dit, de m'être proposé parce que sa fille est adorable et que je suis certain qu'on va passer une soirée très amusante. Mais jusqu'à hier, j'avais un peu d'espoir qu'il puisse être attiré par les hommes et que je réussisse à le charmer. Malheureusement, l'annonce de son rendez-vous de ce soir – avec une femme – a eu tôt fait d'envoyer valser mes chances. Pourquoi n'imaginé-je pas qu'il puisse être bisexuel ? Tout simplement parce que je ne lui ai pas caché mon intérêt, mais qu'il n'y a eu aucun signe de sa part. Donc je vais devoir me faire à l'idée qu'il n'aime pas les hommes.

J'enfile un sweat un peu large pour cacher la pire nouvelle que j'ai eu ce week-end : les trois kilos en plus sur ma balance. J'aimerais que ce soit du muscle mais comme je n'ai pas encore repris l'entraînement, je sais que ce n'est pas le cas. Mais ce n'est pas si grave, mon nouveau programme commence dès demain matin.

Je m'inspecte rapidement dans la salle de bain, rectifie mon maquillage et mes cheveux puis je redescends avant de me mettre à noter tous les défauts que me renvoie le miroir. Alors que je traverse la cuisine, je vois mon petit chat en train de jouer avec la souris en ficelle que lui a choisie Anna. J'enfile mes chaussures ainsi qu'une veste et l'attrape pour le glisser à l'intérieur. Il se met aussitôt à ronronner. Je n'ai jamais eu d'animaux bien que j'en aie souvent eu l'envie mais, avec mon emploi du temps, je ne sais pas quand j'aurais eu le temps de m'en occuper. Et même si ça faisait partie de mes projets à l'occasion de ce nouveau départ, je ne m'attendais pas à craquer aussi vite. Il faut croire qu'il m'est toujours aussi difficile de réfléchir avant de faire quoi que ce soit.

Quelques minutes plus tard, je frappe à la porte de mon voisin. Il vient rapidement m'ouvrir et soupire longuement.

— Quel entrain ! le taquiné-je.

— Mais tu peux pas y aller comme ça !

Je regarde par-dessus son épaule, Anna arrive derrière lui en râlant. Elle grogne en mettant ses poings sur sa taille. Alec appuie sa tête sur la porte en me faisant signe d'entrer.

— Tout va bien ?

— Non ! crie la petite fille. Il ne veut pas se changer !

— Je suis très bien comme ça !

Alors que j'avais pris soin de ne pas regarder mon voisin trop en détail, je suis obligé de le faire pour comprendre ce qui se passe. Il porte un jean noir et une chemise gris clair. Plutôt sobre, ce qui ne m'étonne pas vraiment.

— S'il te plaît, Magnus, me demande Anna en s'approchant. Aide-moi à le faire changer d'avis.

Je la regarde, puis à nouveau Alec, les deux semblent essayer de m'avoir de leur côté et c'est très difficile de choisir.

— Ce serait bien que tu fasses un effort pour que ça marche, continue-t-elle à l'intention de son oncle. Elle est belle et Mamie a dit qu'elle est gentille... Ce serait bien qu'on soit trois, tu penses pas ?

Le beau brun soupire encore une fois en passant une main sur son visage. Comment dire non à une demande pareille ? Je pose ma main sur l'épaule d'Anna.

— Vous allez dans quel genre de restaurant ? m'enquis-je finalement.

— Chic. Et cher. C'est mon père qui a choisi.

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant