Chapitre 18

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▪ Magnus ▪

J'ai peine à croire tout ce qui s'est passé depuis hier soir et je n'arrive pas à m'empêcher de sourire comme un bienheureux alors que je me prépare pour aller au studio. Je dois y être dans moins d'une heure pour accueillir mes élèves et leurs parents. Alexander m'a déjà averti qu'ils risquent d'être plus nombreux et j'appréhende parce que ça ne s'est pas très bien passé la semaine passée. Mais je fais de mon mieux pour ne pas y penser tout de suite.

Je préfère penser à Alexander. À mon petit ami. Je n'aurais jamais cru que ça puisse être aussi adorable de l'entendre parler indonésien, même si ce n'est qu'un seul mot. Je dois dire que je n'ai pas non plus beaucoup de vocabulaire puisque je n'ai passé que deux ou trois ans en Indonésie après ma naissance. Il arrivait parfois à mes parents de parler indonésien à la maison mais, avec les années, ça s'est fait de plus en plus rare, jusqu'à ce que je parte. Je ne pensais pas trouver ça agréable d'entendre à nouveau quelqu'un me parler dans ma langue natale.

En revanche, je vais devoir me faire à l'idée de ne pas nous afficher mais je ne m'attendais pas vraiment à autre chose, de toute façon. Si c'est pour que nos voisins nous regardent de travers en permanence, je crois que je préfère aussi qu'on reste discrets.

Une fois prêt, j'attrape Freddie et quitte la maison en direction de l'école. Sur le chemin, je vérifie mes e-mails. Hier matin, j'ai finalement décidé d'envoyer une demande au conseil à propos de cours supplémentaires. Pour ne pas avoir à les gérer en personne, je me suis rabattu sur un courriel. Je doute d'avoir une réponse avant plusieurs jours, si j'en ai seulement une.

Comme la dernière fois, je me change avant de faire des étirements. Freddie en profite pour découvrir les lieux. Je lui ai installé une litière dans le bureau pour éviter les accidents, les parents feraient sans doute un scandale. Alors que je suis concentré sur la musique, le bruit de la clochette au-dessus de la porte me fait presque sursauter. Je me retourne, alors que je m'étirais sur la barre longeant le miroir, et vois entrer mon petit ami et son père. Je dois me mordre pour me retenir de sauter sur Alexander et le premier à m'adresser la parole est Robert.

— Bonjour Magnus ! Comment allez-vous ?

Son entrain me fait écarquiller les yeux et je vois que je ne suis pas le seul à être surpris. Je crois que c'est la première fois qu'il se montre poli avec moi, et sans que sa femme ne l'y force. Derrière, Alexander hausse les épaules.

— Bien, finis-je par répondre. Et vous ?

— Parfaitement ! Je viens vous annoncer une bonne nouvelle : vous allez pouvoir donner davantage de cours.

— Vraiment ? C'est génial ! Merci beaucoup, Monsieur Lightwood.

— Oh, appelez-moi Robert. Vous faîtes partie de notre communauté, après tout.

C'est nouveau, ça...

— Papa, tout va bien ? lui demande Alexander en s'approchant.

— Quoi ? On me reproche quand je le chahute un peu et on me reproche aussi quand je suis accueillant ? Qu'est-ce que vous voulez, ta mère et toi ?

Quand il me « chahute » ? Il se croit encore au lycée ? Enfin, je suppose que je ne devrais pas me plaindre s'il a fini par m'accepter... les autres feront peut-être enfin de même. Cependant, je me demande ce qui a pu se passer pour qu'il change d'avis. Il y a deux jours, il était furieux de me voir trop proche de son fils.

— Je ne te fais aucun reproche, répond Alexander. Je suis simplement surpris.

— Ne le sois pas, je suis quelqu'un de gentil ! Et c'est pour ça que je suis passé tout de suite. J'ai vu votre e-mail hier, Magnus. J'en ai parlé rapidement avec les autres membres du conseil qui n'y ont pas vu d'inconvénient, tant que vos cours sont rentables. Nous vous laissons carte blanche. On fera le point dans quelques mois pour voir ce que ça donne. D'accord ?

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant