Chapitre 34

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▪ Alec ▪

Ce que Magnus a pu en baver ! Il fait comme si ça ne l'affectait plus, mais au fond de moi, je sais qu'on ne peut pas réellement se remettre à cent pour cent d'événements pareils. Ma main ne quitte pas la sienne une seconde. Parfois je me surprends même à passer ma tête dans son cou, question qu'il n'oublie pas tout ce que je lui ai dit hier soir. Je l'aime tellement, surtout quand je sais par quelles épreuves il est passé.

Imasu continue à jacasser de tout et de rien, n'ayant probablement aucune idée de combien son ami a souffert. Quant à Ragnor, je le surprends plus d'une fois à dévisser son cou lorsque de jolies demoiselles passent tout près. Magnus avait raison sur ce point : son professeur est un homme à femme, exclusivement. Et c'en est presque trop flagrant. Le pauvre bougre est en compagnie de deux hommes qui se bouffent du regard tandis que son troisième ami n'accorde aucune attention à la gente féminine : rien qui ne puisse intéresser les femmes à venir l'accoster.

C'est peut-être le temps de lui donner la chance d'aller draguer la petite blonde qui se trémousse à quelques pas de notre table et qui lui a lancé plus d'un regard au cours des dernières minutes. Ragnor n'a pas un visage enviable, si on le compare à ses amis, cependant, il se dégage de lui une aura certaine. Est-ce dû à son sens artistique ? Dieu seul le sait et peut-être aussi la blonde. C'est donc sur un coup de tête que je force Magnus à me regarder.

— Qu'y a-t-il, Sayan ?

— Tu aimerais aller danser ?

— Mais tu détestes...

— J'ai changé d'avis. Mon prof préféré a réussi à me réconcilier avec tout ça, réponds-je en lui offrant mon plus beau sourire. Alors ? Tu veux danser ?

Nul besoin d'une réponse lorsque je vois ses yeux pétiller de bonheur. Je pense qu'il avait fait une croix sur cet espoir de danser ce soir en compagnie de son petit ami. D'un coup, il pousse Imasu qui s'effondre presque au sol puis il me tire hors de la banquette en demi-lune.

— T'avais qu'à demander, grommelle le mannequin.

— Pardon, mon ami, mais je ne dois pas laisser passer cette chance de danser avec Alexander. Il ne faudrait pas qu'il analyse ce qu'il vient de dire.

Ragnor et moi rions de leur discussion. Mon bel asiatique peut bien être devenu le premier danseur d'une troupe de Broadway. Quand il veut quelque chose, il l'obtient par tous les moyens possibles.

En quelques secondes, je suis transporté jusqu'au plancher de danse. Les bras de Magnus s'accrochent à moi et nous commençons à tournoyer au rythme de la musique. Je m'amuse à esquisser quelques pas répétés des milliers de fois avec mon frère Max, provoquant d'agréables rires à mon bel asiatique. Il est heureux ! Et je tiens à ce que ça reste ainsi, alors je l'entraîne encore plus vite dans un tourbillon de pas rapides et précis. Magnus lève la tête vers les lumières tamisées et exprime encore plus fort sa joie, levant une main au ciel et l'autre bien emboîtée sur mon épaules. Il est si beau, sans toute cette pression qu'il porte sur ses épaules en permanence. Si je n'étais pas déjà amoureux, j'aurais définitivement craqué, ce soir.

La musique devient plus lascive et nos bassins se rapprochent. Nos joues se frôlent de façon si naturelle que je n'y vois qu'une extension de nos corps qui dansent.

— Merci, Sayan, cette soirée est la plus fantastique que j'ai passée à New York.

— Tu n'as pas à toujours me remercier, mon cœur . C'est vrai que cela faisait longtemps que je ne m'étais pas autant amusé. C'est moi qui devrais te remercier de m'avoir redonné le goût de danser.

Du baume au cœur (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant