Hellion High

CHAPITRE IV

— Vous avez les chapitres cinq et six à lire pour le prochain. Et n'essayez même pas de lire les résumés sur internet !

Pendant que les autres élèves se plaignent déjà à l'idée de lire le livre, je range précautionneusement mes affaires dans mon sac. Mais ce n'est pas la chose qui les obsède.

La première soirée sera organisées ce soir dans les dortoirs. Et la simple idée de devoir déjouer les regards aiguisés des surveillants suffit à nous mettre dans tous nos états. Moi la première.

Je connais sur le bout des doigts les soirées organisés à Hellion High. Ça ne se termine jamais très bien. Celle de la veille de la rentrée est le parfait exemple. Le duo infernal sera bien entendu présent ce soir et c'est ce qui me rend aussi nerveuse.

Avec les conseils d'Octavia et ma propre volonté, j'essaie de faire abstraction de la présence de Neil et Andreas dans l'enceinte du lycée. J'essaie de recouvrer un semblant de normalité et de redevenir le fantôme que j'étais à l'égard des deux garçons. Mais mes efforts s'avèrent vains. Malgré l'ignorance que je leur porte, je ne cesse de sentir le regard de l'un ou de l'autre me mitrailler le dos en permanence.

Peut-être que lors de la fête, je pourrais me fondre dans la masse. Mais j'en doute fort. Si jusqu'à présent mon double baiser ne s'était pas vraiment ébruiter dans les couloirs, on peut dire que ce n'est plus le cas. Une personne dont je ne connais pas l'identité a balancé la vidéo sur laquelle on me voit embrasser monsieur Hall et monsieur Wright. La vidéo n'a pas tardé à être visionnée par l'entièreté des élèves de Hellion High.

C'est la raison pour laquelle une énième lettre de groupies hystériques tombe de mon casier lorsque j'ouvre ce dernier. Je me contente de pousser un long soupir exaspéré et d'écraser la feuille de papier dans mon poing pour la jeter au fond de mon casier.

— C'est la combientième depuis ce matin ? M'interroge Octavia, sortant tout juste de ses deux heures de mathématiques.

Je hausse les épaules avec nonchalance.

— Je préfère ne pas les compter. Dis-je.

— Si j'étais toi, je profiterai de la fête de ce soir pour monter sur une table en exhibant mes deux jolis majeurs, montrant à tous ces gosses de riches qu'ils peuvent aller se faire foutre !

J'esquisse un sourire.

— On est aussi des gosses de riches, je te rappelle. Et puis, ne m'en veut pas, mais je vais plutôt choisir ma méthode qui consistera à me faire discrète.

Je referme mon casier dans un bruit de métal et m'adosse à la porte, les bras croisés sur la poitrine. Octavia me passe un bras autour du cou.

— Tu as prévu de passer au Austen Coffee avant qu'on rejoigne les dortoirs ? Me demande-t-elle.

— Pas aujourd'hui. Pourquoi ?

Je fais volontairement traîner la dernière syllabe lui signifiant que je sais très bien pourquoi elle veut y aller.

— Simple question. Fait-elle en levant les yeux au ciel, faussement innocente.

Elle me prend par le bras et m'entraîne avec elle à l'extérieur pour rejoindre la cour principale qui mène aux dortoirs.

Je récupère mon parapluie dans mon sac et l'ouvre en vitesse avant d'être complètement trempée. Les douces brises et le soleil qui perce à travers les nuages ne sont qu'un vaste souvenir.

— Putain, il fait froid ! Grogne Octavia en se frottant vigoureusement les bras.

Je ne peux que la rejoindre sur ce point. Les neufs degrés qu'il fait actuellement ne sont pas que de simple chiffre. Accompagnée d'un torrent de pluie semblable aux chutes du Niagara, nous avons là un beau cocktail tout droit sorti du congélateur !