CHAPITRE XXXI

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— Pitié, dis-moi que c'est la dernière heure de la matinée et qu'on va pouvoir aller manger ! Me supplie Octavia.

Aussi abattue qu'elle, je secoue la tête de droite à gauche alors que son visage s'affaisse sous le poids de la déception.

— Il reste encore deux heures, Via.

— Oh, non ! Je vais faire une crise d'hypoglycémie, je la sens venir !

Sa réaction à peine exagérée me fait esquisser un sourire et balaie quelque peu le désespoir qui m'envahit à l'idée de devoir attendre encore un temps infini avant de pouvoir manger.

Je récupère mon téléphone et clique sur l'application du lycée afin de voir à quel cours je dois me rendre et surtout quelle niveaux de torture, je vais devoir subir. Pitié, pas la géographie !

C'est en fronçant les sourcils que je constate que mes prochaines heures vont se dérouler à l'amphithéâtre. Je passe mon écran sous le nez d'Octavia et cette dernière pousse un petit cri de joie qui me perce les tympans.

— Moi aussi, j'y vais ! Je crois que toutes les classes de dernière année y sont convoquées.

Intriguée, je lui demande la raison de cette convocation mais je n'obtiens que son haussement d'épaules en guise de réponse.

Bras dessus, bras dessous, nous nous rendons à l'amphithéâtre, là où sont déjà regroupés un certain nombre d'élèves.

Un brouhaha infernal règne à l'entrée. Les rires se mêlent aux chuchotis, ne manquant pas d'exaspérer les professeurs qui tentent tant bien que mal de maintenir l'ordre. Alors que la sonnerie retentit, nous pénétrons à l'intérieur, déjà à la recherche de la meilleure place pour s'asseoir.

Je n'ai été à l'amphithéâtre qu'à de rares occasions. En général, il s'agissait simplement de représentation du club de théâtre. Des pièces qui, pour être tout à fait honnête, étaient de véritables supplices à regarder ! Mais la beauté de cet endroit m'a toujours impressionnée.

L'intérieur est gigantesque. Il est composé d'environ 850 places, ce qui est suffisant pour accueillir l'intégralité d'Hellion High. Les chaises sont taillées dans un bois de chêne qui s'associe à la perfection avec l'élégance du lustre qui les surplombe. La lumière chaude de ce dernier se répercute sur les murs en brique. Une petite estrade fait face aux sièges avec, en son centre, un micro branché aux enceintes situées au quatre coins de l'amphithéâtre. De multiples tableaux parfont la décoration.

Tandis qu'une grande partie des élèves présents sont déjà assis, Octavia et moi sommes toujours debout. À chaque endroit que je propose, ma meilleure amie parvient à leur trouver tous les défauts du monde. Trop proche de l'estrade. Trop haut. Elle n'aime pas les gens qui s'y trouvent. Les enceintes vont nous casser les oreilles. Et tout autres arguments du même genre.

— Il va bien falloir qu'on se trouve une place, Via ! Je prononce dans un soupir.

Les bras croisés sur sa poitrine, elle ne démord pas, même face à mon expression agacée.

— Mes fesses vont rester collées au même endroit pendant deux heures consécutives, compte sur moi pour prendre le temps qu'il faut pour choisir !

Sentant bien que malgré mes protestations, elle ne cédera pas, j'abandonne et me contente d'attendre qu'elle ait fait ce choix qui lui semble si crucial ! Pendant ce temps, je prends bien soin d'éviter le regard de notre professeur qui fulmine à tel point que l'on pourrait voir de la fumée sortir de ses oreilles !

— Là-bas, c'est parfait ! Finit-elle par déclarer après ce qu'il m'a paru être une éternité.

Une vague de soulagement m'envahit et je la laisse me traîner avec elle vers le saint graal. Je ne prends pas la peine de regarder vers où elle me conduit, trop occupée à slalomer entre les sacs posés au sol. Nous grimpons une volée de marches et atterrissons à l'avant-dernière rangée. Par chance, il ne reste plus que deux places à côté de Caroline, une camarade de classe d'Octavia.

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