Hellion High

CHAPITRE XLIII

— Andreas, attends ! Où est-ce que tu vas ?

— Chercher le peu de respect qu'il te reste.

Aïe ! Ça fait mal. Mais je l'ai bien mérité.

À peine sommes-nous sortis du box que je me percute à la puissante musique qui sort des enceintes. J'ai la sensation de me faire trouer les tympans par une perceuse. Mais, par-dessus tout ce vacarme incessant, j'entends surtout la cacophonie des battements effrénés de mon cœur. Ces derniers, rythmés par le tempo de ma culpabilité.

La situation est hors de mon contrôle. Andreas commence déjà à dévaler les marches de l'escalier tandis que Neil sort du box privé et tentent de remettre un peu d'ordre dans ses cheveux.

J'attrape le bras d'Andreas au vol pour l'empêcher de faire un pas de plus. Il fait volte-face et se retire de ma prise avec force, un regard noir accompagnant son geste.

— Laisse-moi au moins la chance de m'expliquer ! Lui dis-je d'une voix pleine de regrets.

— Parce que tu as une explication à tout cela ? Laisse-moi rire !

Le calme froid dont il fait preuve me provoque la chair de poule. J'en reste muette, ne sachant quoi dire pour expliquer cette situation dans laquelle je me suis mise toute seule. Tout est ma faute, j'en ai plus que conscience. J'ai tout gâché et cette simple pensée prend la forme d'un serpent qui vient m'enserrer la trachée jusqu'à l'étouffement.

— Écoute au moins ce qu'elle a à te dire. Intervient Neil avec prudence.

Les yeux d'Andreas se braquent sur Neil. On dirait la bouche d'un fusille qui se dirige vers une biche avant de l'abattre. Il pointe vers lui un doigt accusateur.

— Toi, tu la fermes. Je ne veux pas t'entendre. Crois-moi, je ne m'empêcherais pas de t'en remettre une, car, à l'évidence, la première n'a pas suffi à te remettre les idées en place.

Je n'ai pas besoin de connaître l'histoire dans son intégralité pour savoir que le bleu qui assombrit la mâchoire de Neil a été causé par le poing d'Andreas.

— Je suis désolée ! Tellement désolée ! Ce qui vient de se passer n'aurait jamais dû se produire. Je le regrette amèrement.

Sa poitrine tressaute sous le poids d'un long soupir. Il tente de garder la tête froide mais les jointures de ses doigts qui blanchissent autour de la barre d'escalier sont un grand indice sur la colère qui fait rage en lui.

— Tu ne regrettais pas lorsque tu étais dans ses bras quelques minutes plus tôt. Tu es désolée que je sois au courant, pas de l'avoir fait.

— C'est faux ! M'exclamé-je en secouant la tête de gauche à droite.

À côté de moi, Neil se balance d'un pied à l'autre, les mains dans les poches, mal à l'aise. Il paraît plongé dans ses pensées et se tait. La menace d'Andreas ayant été prise au sérieux.

— C'est arrivé comme ça ! Je ne contrôlais plus rien, je ne savais plus ce que je faisais !

Je mens. Effrontément. Je savais que je ferais du mal à Andreas en allant jusqu'au bout et pourtant, je n'y ai quand même pas mis fin. C'est ça le pire.

— Le soir de son anniversaire, c'est arrivé « comme ça » aussi ? Quand tu as failli l'embrasser alors que j'étais juste de l'autre côté du mur, c'est arrivé « comme ça » ? Rétorque-t-il en mimant les guillemets avec ses doigts.

Je me tourne vers Neil mais ce dernier s'obstine à garder les yeux rivés vers le sol.

— Tu lui as dit !