CHAPITRE XL

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— Tu te moques de moi ?! Tu déménages à Paris ! A plus de quatre cents kilomètres !

Octavia fait une petite moue coupable. Elle tente de le dissimuler derrière son éternel masque de rigolote qui se fiche de tout mais je vois bien que cette situation l'attriste tout autant que moi. Toutefois, je ne parviens pas à savoir si son malaise est dû à la manière dont j'ai découvert son secret ou le secret en lui-même. Pour ma part, je crois que j'oscille entre les deux.

— Quand on y réfléchit, quatre cents kilomètres, ce n'est pas si loin ! Dit-elle dans une tentative vaine d'amoindrir la situation.

Voyant que ces mots ne suffisent pas à apaiser ma contrariété, son sourire de façade vacille.

— Là n'est pas la question, Via. Rétorqué-je.

— Je savais que tu réagirais comme ça !

Sa poitrine tressaute au rythme d'un soupir. Elle se laisse retomber contre le dossier du fauteuil en croisant les bras en signe de résignation.

— Évidemment ! Je te demande ce qui ne va pas depuis des semaines et il a fallu que je vois ce texto sur ton téléphone pour enfin comprendre ! J'aurais préféré que tu me l'annonces toi-même.

— Je sais mais je ne voyais pas comment.

— « Au fait, Aly, dans quelques mois à peine, je vais intégrer une grande école de mode qui se trouve à plus de quatre cents kilomètres de Londres ! » Je ne trouve pas ça si compliqué !

Je me rends compte que j'ai haussé la voix quand un certain nombre de regards mauvais se posent sur moi. La salle de repos du lycée n'est, à l'évidence, pas l'endroit idéal pour avoir cette conversation.

— Tu ne l'aurais pas bien pris ! Comme maintenant ! Tu me fais la tête depuis cinq jours à cause de ça ! S'insurge Octavia.

J'inspire une goulée d'air pour mettre un peu d'ordre dans mes esprits et éviter de répondre quelque chose de stupide par pur agacement.

— Via, je n'aurais jamais mal pris le fait que tu veuilles partir pour tes études. Si tu m'en avais parlé, j'aurais été de tout cœur avec toi dès le départ ! Je suis ta meilleure amie, je te pousserai toujours à faire ce qu'il y a de mieux pour toi même si cela signifie d'être éloignée de toi.

Entendant cela, Octavia incline la tête, baissant les yeux vers ses grosses bottes noires. Je fronce les sourcils alors que je tente de savoir ce qui a pu provoquer cette réaction.

— Je le sais et c'est bien ça le problème ! Déclare-t-elle en reniflant.

— Que veux-tu dire ?

Elle lève vers moi des yeux bordés de larmes qu'elle s'empresse d'essuyer du revers de sa manche.

— J'avais prévu de ne jamais rien te dire pour avoir la possibilité de faire le mauvais choix. Maintenant que tu le sais, tu vas insister pour que je parte.

— Tu ne veux pas y aller ? Demandé-je avec l'espoir de comprendre où est-ce qu'elle souhaite en venir.

— Si, bien sûr que si. Cette école, c'est la chance de ma vie !

— Mais ?

Octavia secoue les épaules avec nonchalance comme si tout cela n'avait aucune importance. Pourtant, je vois bien que c'est tout le contraire.

— Mais j'ai encore moins envie de tout quitter. Tu m'imagines me créer une nouvelle vie dans un pays étranger, loin de tout ? Pas moyens. Je vais tout foirer.

— Tu sais aussi bien que moi que c'est faux. Tu vas tout déchirer.

— Oui, c'est vrai. Prononce-t-elle en pouffant de rire.

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