CHAPITRE XXXV

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— Via, je ne vais pas m'incruster à une fête à laquelle, je n'ai pas été invitée.

— Je n'ai jamais dit que tu avais le choix. Je ne compte pas aller à cet anniversaire toute seule.

Au loin, je l'aperçois me faire un signe de la main. Un sourire sur les lèvres, je me lève du canapé en passant la lanière de mon sac sur mon épaule.

— On en reparle quand je rentre. En attendant, ma réponse reste la même : je n'irai pas.

Mes mots ont le don de lui faire lever les yeux au ciel et pousser un long soupir théâtral.

— N'oublie pas ce dont on a parlé hier soir. Pose-lui la question ! Dit-elle sur un ton sans appel.

— Je sais ! Soufflé-je avant d'ouvrir la porte de l'Austen Coffee pour en sortir.

Sur le seuil, je tombe nez à nez avec un splendide bouquet de fleurs. Il s'agit de tulipes blanches joliment rassemblées dans un papier irisé de la même couleur. Noué autour, un ruban en soie bleu saphir vient parfaire l'emballage.

— C'est magnifique ! M'exclamé-je.

Andreas me tend le bouquet, pas peu fier de l'effet qu'a provoqué sa surprise.

Le nez plongé dans les fleurs à inspirer leur doux parfum, je sens un chaste baiser s'échouer sur ma tempe. D'une main, il referme la porte derrière moi, mettant fin à la contemplation de ma meilleure amie qui, jusqu'alors, se croyait devant un film romantique.

— Où est-ce que tu m'emmènes aujourd'hui ?

Je lève les yeux vers son visage et vois l'ombre d'un sourire courir sur ses lèvres. Mais avant qu'il n'ait le temps de me répondre, son téléphone sonne dans sa poche. Il s'excuse puis prend l'appel. Je ne perçois que ses réponses mais au vu de son expression ennuyée, le sujet de la conversation ne lui plait pas particulièrement. Après plusieurs minutes d'argumentations qui me paraissent vaines, il raccroche en poussant un long soupir.

— Changement de programme. La nounou vient de faire faux bond à ma mère, je vais devoir surveiller ma petite sœur toute l'après-midi. Si cela te dérange, on peut remettre ça et...

— Ça ne me pose pas de problème ! Anastasia m'a paru tout à fait charmante lorsque je l'ai rencontrée l'autre fois !

En entendant cela, ses yeux s'illuminent de soulagement. Sa main vient se poser dans le creux de mon dos pour m'inciter à avancer.

— J'avais prévu tout autre chose mais avec ma sœur dans les parages, ce sera mission impossible. Une promenade au parc, ça te dit ?

J'acquiesce vivement sans dire un mot, ne prenant pas le risque d'entendre ma voix dérailler en sentant ses doigts glisser le long de mon échine.

Nous traversons la route et empruntons un chemin que je ne connais pas très bien. Je me laisse alors guider par Andreas qui semble être sûr de lui qu'en à la direction que nous prenons.

— Ma sœur prend des cours de piano dans une petite école à cinq minutes d'ici. M'explique-t-il.

Cette information a le don de me faire esquisser un sourire.

— J'imagine qu'elle doit être un petit prodige comme toi !

Par-dessus le bruit incessant de la rue s'élève son rire dont je commence à connaître toutes les tonalités.

— C'est ce que tout le monde croit mais ma mère peine à la faire entrer dans le moule familial ! Si tu veux tout savoir, elle déteste même le piano !

Sa phrase est ponctuée d'un soupir duquel ressort un soupçon d'amertume qui me fait tiquer. L'envie de lui poser davantage de questions me traverse en une fraction de seconde.

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