CHAPITRE XLIV

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Assises en bas des gradins, nos oreilles se font malmener par le brouhaha qui fait rage parmi les élèves de Hellion High. Octavia est aussi surexcitée que les autres, secouant ses pompons à chaque but marqué par notre équipe.

Les Bloody Hellion disputent leur dernier match de l'année. Le moins que l'on puisse dire est que la tension est à son comble sur le terrain. Autant du côté des joueurs que de celui des spectateurs. Tous espèrent que la victoire soit pour notre école. Une belle façon de terminer l'année en beauté. Le capitaine semble bien décidé à l'emporter.

J'ai entendu dire que Neil passait ses journées sur le terrain. On ne l'avait encore jamais vu s'entraîner à ce point. Même si le football reste sa plus grande passion, une telle rigueur de sa part est inédite. Et, ses efforts paraissent payer. Aujourd'hui, il a déjà battu la majorité de ses records. Même dissimulé derrière son casque, je le sens rayonner de fierté.

Les cheerleaders ont également donné le meilleur d'elles-mêmes. Enchaînant, des figures nouvelles et complexes qui ont suffi à en mettre plein les yeux au public. Cette dernière performance devait être la meilleure. Je crois que c'est un pari réussi !

C'est lorsque l'ultime note a retenti et, que le souffle court, je brandissais mon foulard blanc vers le ciel, que je me suis rendu compte de la vitesse à laquelle est passée cette année scolaire.

J'ai la sensation que les mois précédents se sont volatilisés à la vitesse d'un unique battement d'aile. Il y a eu tant de choses en si peu de temps. J'ai encore du mal à réaliser tout ce qu'il s'est passé. Moi qui m'étais préparée toute ma vie pour ce moment, je ne suis même plus certaine d'être tout à fait prête pour l'université.

Mes différentes candidatures ont été envoyées. Il ne me reste plus qu'à attendre les réponses. Ambrosia reste de loin mon premier choix. J'ai adoré visiter cet endroit et je m'y suis tout de suite sentie à ma place. Néanmoins, j'ai quand même dû faire des demandes ailleurs de sorte à avoir un plan de secours en cas de refus. Je ne parviens toujours pas à savoir quel cas de figure me ferait le plus de peine.

Avoir cette place signifierait prendre celle d'Andreas, à qui j'ai déjà fait bien trop de mal. Ne pas l'avoir voudrait dire faire une croix sur l'un de mes plus grands rêves.

Octavia me donne un petit coup d'épaule pour me sortir de mes pensées.

— Je te trouve bien mélancolique alors qu'on est en train de battre les Krakens 3-0. Remarque-t-elle.

Je secoue la tête.

— Je réfléchis, c'est tout.

— C'est cette histoire d'université qui te tracasse ?

Mes épaules tressautent dans un soupir tandis que je me contente de garder le silence.

J'aimerais que ce soit le cas. Que mes pensées soient accaparées uniquement par ces lettres d'admission. Mais, en vérité, ça ne l'est pas. Mon cerveau bouillonne de toutes sortes de préoccupations et je peine à les faire taire.

Durant quelques semaines, je suis parvenue à ne plus y penser mais, alors que la fin de l'année approche à grands pas, je ne fais que d'y penser. D'ici, un mois à peine, je vais devoir aider ma meilleure amie à porter ses valises pour qu'elle puisse s'envoler à plus de 400 km de Londres.

J'essaie de me dire que ce n'est pas si loin. Mais c'est inutile. Je sais d'ores et déjà qu'elle va beaucoup me manquer. Je ne nous imaginais pas devoir faire notre entrée à l'université aussi loin l'une de l'autre.

— Tu pars quand ? Lui demandé-je.

Elle lève les yeux de son grand cornet de frites pour les poser sur moi. Il ne lui est pas nécessaire de me le demander. Elle sait déjà de quoi je parle.

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