20 | La cage

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— Je vais tomber, Atlas !

— Je t'ai dit que je te rattraperai, aller ne t'inquiète pas. Tu attrapes la gouttière et tu te laisses glisser.

Ma capuche de sweat sur la tête, je jette un coup d'œil aux mètres qui me séparent du sol depuis ma fenêtre. Atlas m'attend sagement en bas, les bras levés dont je n'aperçois pas clairement sa tête à cause de sa capuche. Même si cela me laisse clairement entrevoir son sourire au coin des lèvres.

Je fais demi-tour, verrouille ma porte pour être sûr que mon père ne découvre pas ma fugue et me redirige vers ma fenêtre ouverte.

— Je te jure que si je meurs, je viendrai te hanter jusqu'à la fin de tes jours !

Cette scène est complètement ridicule vu d'un autre point de vue. On dirait que nous participons à une mauvaise pièce de théâtre de Roméo et Juliette dont personne n'a envie de regarder.

— Oui, si tu veux aller, dépêche-toi, il fait un froid de canard ici.

Je grogne dans ma barbe et passe un pied, puis un deuxième pour les caler sur le petit rebord de ma fenêtre.

— J'ai une vue splendide sur ton beau petit cul, mon chou.

Je baisse mes yeux vers lui pour le fusiller du regard, mais je me ravise à la seconde où j'aperçois le sol beaucoup trop loin de moi. J'attrape la gouttière et suis les indications d'Atlas. Je me laisse glisser contre le mur sous le ricanement du brun derrière moi. Il pose ses deux mains sur mes hanches lorsque j'arrive à sa hauteur et je pose enfin un pied à terre.

Ses mains autour de ma taille tournent mon corps vers lui et immédiatement, ses lèvres fondent sur les miennes. Avec un sourire scotché sur la bouche, j'enroule un instant mes bras autour de son cou pour approfondir notre baiser.

Il décroche sa bouche de la mienne avant d'y déposer quelques baisers fugaces. Nous nous écartons l'un de l'autre, puis Atlas vient entrelacer nos doigts ensembles.

— Prêt, beau gosse ?

J'acquiesce de la tête, alors que nous prenons d'ores et déjà le chemin vers sa voiture. À cette heure-ci de la nuit, mon père doit sûrement dormir, affalé dans le canapé devant son émission favorite.

Nous montons dans sa voiture garée un peu plus loin, puis nous rabattons simultanément nos capuches de nos têtes.

— Ça se passe où ? Demandais-je au brun à côté de moi.

Il pivote sa tête vers moi, un coin de ses lèvres qui s'incurvent légèrement vers le haut.

— Dans les tréfonds de Birmingham.

Sa réponse ne m'aide pas plus, mais je crois que je ne préfère pas le savoir d'aussitôt parce que je risquerais de prendre mes jambes à mon cou. Il démarre la voiture quelques secondes après, une musique qui vient briser le silence du véhicule.

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Quinze minutes plus tard, nous nous arrêtons aux abords d'un vieux bar à peine éclairé par les faisceaux des lampadaires. Nous sommes, comme il l'a si bien dit, dans l'un des pires quartiers de Birmingham.

Lorsque nous descendons de la voiture, la main d'Atlas retrouve la mienne. Je lâche un léger soupir de soulagement à la retrouvaille de sa chaleur dans la mienne.

Oui, je suis complètement trouillard.

Et oui, je suis rassuré par sa simple présence.

SOULMATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant