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La pièce est plongée dans un silence presque mortel lorsque, pas à pas, je m'aventure dans la pénombre de la chambre. Ma respiration s'accélère.
J'ai l'impression que le temps est figé, une ambiance aussi lourde que étouffante qui m'asphyxie les poumons.
J'ignore les cadavres de bouteilles au sol pour continuer mon avancée dans la chambre, jusqu'à atteindre le bas de la plateforme qui surélève son lit.
Mon corps se fige.
Je n'arriverai pas à décrire toutes les émotions qui me traversent en voyant son corps recroquevillé contre lui au bord de son lit. Ses genoux protégeant son torse et son front qui se repose dessus.
Cette simple vision arrime toute la tristesse et le chagrin qu'il a enduré durant ses deux dernières semaines. Le voir si... Faible arrache une partie de mon cœur.
En moins de temps qu'il n'en faut, je m'assois par terre de façon à ce que nous soyons face à face.
Son état est bien au-delà de ce que j'aurais pu penser avant d'entrer ici. Il est évident qu'il a perdu du poids depuis la dernière fois où nous nous sommes parlés.
Et je ne peux encore moins ignorer l'odeur d'alcool qui s'émane de cette pièce. J'ai l'impression qu'elle a envahi chaque centimètre de la chambre, s'incrustant dans nos narines comme un poison.
Au bout d'un certain temps qui m'a semblé être une éternité, son visage s'est relevé vers moi. Les yeux dans les yeux, nos regards traduisent chacune de nos émotions.
Les siens qui ne reflètent rien d'autres qu'un puits sans fond.
Et les miens qui tentent de lui offrir un peu de ma lumière.
J'approche ma main près de son visage et effleure sa mâchoire, un sourire aux lèvres qui me semble rassurant. Une larme silencieuse s'écoule le long de sa joue.
Désespoir et anéantissement. Voilà ce que j'ai ressenti en accrochant mes yeux dans son regard livide.
— Je suis là pour toi, Atlas. Aujourd'hui, demain et tous les autres jours, me suis-je entendu lui chuchoter.
Je passe mon pouce sur les cernes qui bordent ses yeux fatigués, mes lèvres qui se pincent entre elles.
— Tu veux dormir un peu ?
Le temps d'un moment, je crains qu'il ne me réponde jamais. Le silence flotte entre nous. Je continue d'effleurer sa mâchoire de mes doigts, attendant une quelconque réponse de sa part.
Il finit par acquiescer faiblement de la tête. Alors, je laisse retomber ma main et me redresse avant qu'il ne change d'avis.
J'enlève mes chaussures, retire mon sweat et observe Atlas se redresser de sa place. Je ne saurai expliquer l'ambiance qui règne entre nous. Nous n'avons besoin d'aucun mot pour nous comprendre. Un seul regard suffit.
Et le sien me crie à l'aide.
Il me hurle de l'extirper de toutes ses mauvaises pensées.
Je lui attrape la main et l'attire avec moi dans le lit, mon dos qui s'écrase contre le matelas et son corps qui rejoint le mien.
Sa tête s'enfouit dans mon cou, une légère odeur de tabac froid et d'alcool qui vient chatouiller mes narines. L'une de ses mains vient s'enrouler autour de mon torse et la mienne se plonge dans ses cheveux un peu plus longs désormais que deux semaines auparavant.
Il s'accroche à moi comme le ferait un naufragé avec une bouée de sauvetage. Nos jambes s'enroulent entre elles, se lient pour ne former qu'un.
Pendant un moment, je continue mes aller-retour dans ses cheveux, espérant que ça l'apaise. Lorsque je suis sûr que sa respiration ralentie dans un mouvement régulier, j'embrasse tendrement le haut de son crâne et le laisse plonger dans les bras de Morphée le temps de quelques heures.

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SOULMATE
RomansaDans les rues de Birmingham, où l'acier et les histoires s'entrelacent, la vie de Simon n'est en apparence qu'une histoire comme les autres. De celle qu'on passe sans jamais vraiment s'en intéresser. Mais qui est-il vraiment ? Et que cache-t-il réel...