2 | Seul contre tous

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Une semaine plus tard.

L'épuisement. La crainte. La solitude.

Toutes ces émotions réunies me poussent à regretter chacun de mes choix et de mes désirs. Et lorsque mon réveil sonne, c'est pour m'enfoncer un peu plus dans mes draps en espérant que ce ne soit qu'un long cauchemar.

Pourtant, je continue de me lever avec cette boule au ventre qui me comprime un peu plus chaque jour. Cette fois-ci encore, mon dos souffre. Il me tiraille jusqu'à m'empêcher de bouger sereinement.

Un bleu. Encore.

Lors du cours de sport, Alan et Jonah se sont amusés à me lancer une gourde en métal tandis que je me dirigeais vers les vestiaires. Je suppose que cela devait être la blague du siècle au vu du rire que cela leur a procuré.

Une énorme blague, même.

J'ai pourtant mis de la crème depuis, mais ça ne marche plus sur moi depuis bien longtemps, maintenant. J'ignore la douleur en bas de mon dos pour aller servir le repas à mon hamster qui couine depuis une dizaine de minutes, maintenant.

— Salut, mon p'tit Prince, tu as bien dormi ?

Il couine, mais n'attends, en réalité, rien d'autre que je lui donne son petit-déjeuner.

Sale goinfre.

Lorsque mon frère me l'a offert, il y a deux ans pour mon anniversaire, un paquet de petit prince trônait sur la table. Je n'ai pas réfléchi longtemps avant de l'appeler Prince.

Ouais... Je sais. Pas très original, hein ?

J'enfile l'uniforme du lycée, parfaitement repassé cette fois-ci. Certains sont assez réticents à l'idée d'avoir un uniforme obligatoire. Personnellement, je ne m'en suis jamais vraiment plaint. Je pouvais me réjouir de ne pas ressentir cette différence entre moi et tous les autres élèves riches de l'établissement.

Et puis, il n'est pas si moche que ça, finalement. Sûrement l'avantage d'être dans un lycée plein aux as. Donc, évidemment, la tenue vestimentaire arbore les couleurs de Sainte Héléna avec du bordeaux et du beige. La chemise blanche, le pantalon beige, la veste bordeaux et la cravate de la même couleur.

C'est le seul point positif de ce lycée. Même si je ne mets pas souvent la veste cintrée parce qu'elle me sert un peu trop les épaules. Généralement, je mets un pull en laine de la même couleur que la veste. Celui que je porte aujourd'hui, vient d'une petite friperie dans le centre-ville.

Je passe mes mains sur mon pantalon pour tenter d'enlever les quelques plis restants et descend finalement au rez-de-chaussée.

En bas, mon père se sert une tasse de café tout en me jetant un rapide coup d'œil lorsque j'attrape une pomme dans la corbeille à fruit. Il se retourne vers moi, les bras croisés avec le regard dur.

— J'ai vu ta première note en mathématique.

Je manque de m'étouffer avec le morceau de pomme que je viens de croquer. J'évite ses yeux scrutateurs en attrapant mon déjeuner dans le frigo ainsi qu'une bouteille d'eau.

— C'était juste une petite évaluation de remise en forme, tu sais.

— Justement, ça ne devrait pas être aussi mauvais.

Ma mâchoire se serre aussitôt à m'en casser les os. Je déteste lorsqu'il fait semblant de se préoccuper de moi.

— Tu n'as même pas eu la moyenne ! Dit-il d'un air exaspéré. Bordel, Simon, je t'ai mis dans cette école pour que tu aies de bonnes notes ! Et tu n'arrives même pas à atteindre un pauvre dix.

SOULMATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant