33 | Fantôme du passé

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Nous rentrons dans la petite maison sombre et vide de toute présence. La chaleur recouvre mes pores d'une couche agréable lorsque pas à pas, je m'enfonce dans le couloir, suivi de près par Atlas.

Il n'a jamais vu le rez-de-chaussée de ma maison étant donné qu'il préfère passer par les fenêtres plutôt que par la porte d'entrée.

Je vois du coin de l'œil ses yeux se balader sur chaque photo de famille accrochée au mur ou posée sur des meubles. Beaucoup sont des photos de mon père, mon frère et moi, et quelques-unes sont réservées à Adam et mon père.

— Tu avais quel âge sur celle-ci ?

J'attrape le petit cadre photo où je suis sur les épaules de mon grand-frère. Mon père se tient juste à côté, un poisson qu'il soulève fièrement dans les mains.

— Huit ans, il me semble. On était à un concours de pêche, mon père adore ça. Il a même gagné le prix du plus gros poisson.

Je repose finalement l'objet, ressassant ce souvenir où nous étions enfin heureux et où la disparition de notre mère n'était plus le centre de notre attention. À ce moment-là, il n'y avait pas de fils préféré ou de larmes écoulées. Il n'y avait que deux enfants qui encourageaient leur père pour la compétition.

Chaque marche grince lorsque nous nous aventurons à l'étage. J'indique ma chambre à Atlas puisqu'il ne connaît pas le chemin depuis l'intérieur et m'éclipse dans la salle de bain.

Au bout d'une dizaine de minutes plus tard, je reviens dans la chambre, propre et détendue. La pièce est silencieuse et seule la petite lumière de chevet à côté de mon lit est allumée. Je pose mes yeux sur Atlas, affalé sauvagement sur mon lit et un bouquin dans les mains qu'il feuillette patiemment.

— T'ai-je soudainement donné envie de lire depuis Orgueil et Préjugés ?

Il abaisse le livre sur son torse en redressant sa tête vers la mienne. Il fait une petite grimace avant de laisser retomber sa tête sur l'oreiller.

— Je ne pensais pas dire ça un jour, mais ce mec est encore plus possessif que moi. Il a vraiment interdit à tous les mecs d'approcher cette Hannah ?

Je m'avance vers le lit, m'installe à plat ventre dessus et repose mon menton sur le haut de son torse. Instinctivement, il enfouit sa main dans ma chevelure blonde encore mouillée.

— Mmh. Il disait que c'était pour éviter qu'elle regrette de coucher avec un autre alors qu'il savait qu'elle l'aimait encore après leur rupture.

— Plutôt présomptueux, non ?

— Sortie de son contexte, oui, ça le serait.

Il descend ses doigts sur ma tempe, sur ma joue puis sur mes lèvres. Ses yeux accrochés aux miens m'offrent une telle bouffée d'amour qu'il me donne l'impression d'être la septième merveille de ce monde.

Il rapproche sa tête pour y déposer un baiser sur le coin de mes lèvres. Sa bouche effleure, se mouve et prend possession de la mienne. Je ferme les yeux et me laisse porter par le corps d'Atlas. Aussitôt, je me retrouve sur le dos, mes mains qui s'accrochent à son tee-shirt.

Les yeux dans les yeux, je remonte mes mains jusqu'à la racine de ses cheveux débraillés. Assez long pour les tirer un peu en arrière lorsque l'une de ses paumes vient se poser à quelques centimètres de mon visage.

Il pose l'un de ses doigts sur mon front puis trace une ligne en le descendant sur mon nez jusqu'à ce qu'il atteigne mes lèvres. Chacune de ses jambes emprisonne les miennes dans son étreinte. Je sens ma respiration s'accélérer à mesure qu'il descend toujours plus loin le bout de son doigt sur ma peau. Mon menton, mon cou, la naissance de mon buste jusqu'à tirer légèrement sur mon tee-shirt.

SOULMATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant