27 | Mensonge et révélation

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Je.Ne.Suis.Pas.Son.Fils.

Ses mots tournent dans ma tête depuis que mon père s'est enfui de la maison. Sans aucun mot et aucune explication. Il a simplement lâché cette bombe sur notre famille sans prendre gare aux conséquences de ses paroles.

Vingt-quatre heures ont passé depuis cet événement. Toujours sans aucune nouvelle de notre père, partit comme un fuyard.

Je ne suis pas son fils.

Je me sens trahi et tellement confus. Ma vie n'est qu'un sombre mensonge depuis mon enfance. Je n'arrive pas à croire que l'on m'ait menti pendant toutes ces années. Comment a-t-il pu vivre sereinement en me voyant tous les jours sans me dire qu'il n'était pas mon père ?

Depuis tout ce temps, je reste cloitré dans ma chambre, repassant les mots de mon père encore et encore dans ma tête. Je n'ai même pas eu le courage d'aller voir Atlas après ce qu'il s'est passé. Et de toute façon, il est bien trop décalqué en ce moment pour se rendre compte de mon absence, alors je ne m'en fais pas trop.

Les heures passent dans cette attente languissante. Je poireaute dans mon lit, attendant que mon père daigne se montrer devant moi pour m'avouer la vérité. Je n'ai aucune idée d'où il a pu aller et je dois avouer que ce n'est pas la chose qui m'inquiète le plus. Tout ce que je désire, c'est savoir la vérité.

La seule. Je suis épuisé qu'on me mente à longueur de temps. Je veux qu'on soit honnête avec moi pour une fois. C'est tout ce que je demande. Et c'est tout ce que je mérite.

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Il doit être pas loin de trois heures du matin lorsque j'ouvre le frigo pour assouvir mon appétit. Du pain, du poulet et un peu de mayonnaise, rien de plus. Cela fait presque quatre heures que je tourne dans mon lit sans la possibilité de m'endormir. À croire que mes nouvelles habitudes reprennent quand je ne dors pas avec Atlas.

La maison est plongée dans un tel silence que j'entends le bruit du vent frapper contre les fenêtres et je crois même entendre mon frère ronfler à l'étage. Sa copine et lui compte rester encore quelques jours avant de repartir à Londres. Peut-être même qu'il aura la chance de connaître la vérité avant son départ.

Un lâche.

Voilà ce qu'est mon père.

J'ai cru comprendre que mon frère avait tenté des dizaines et des dizaines de fois de l'appeler durant ces dernières vingt-quatre heures, mais il n'a pas l'air d'avoir eu de réponse de sa part.

Je croque un morceau dans mon sandwich lorsqu'un bruit attire mon attention. Ma mâchoire se fige, écoutant le bruit de la serrure faire écho jusqu'ici.

Il y a deux possibilités.

Soit, on a soudainement décidé de nous cambrioler, soit celui qui me sert de père de substitution a décidé de rentrer à la maison.

Quand on parle du loup, on en voit la queue.

J'avale difficilement mon morceau de poulet, mon dos accoudé contre le plan de travail en attendant qu'il daigne se montrer. Peu importe qui est cette personne, je la verrai forcément de là où je suis.

Des pas lourds se rapprochent finalement de moi, mon regard qui ne quitte pas le couloir en face de moi.

C'est lorsque la tête de mon père apparaît dans mon champ de vision que mon corps se tend. De mes pieds à la tête. La lumière de la cuisine a forcément dû attirer son attention.

Nous nous regardons dans le blanc des yeux, ses cheveux humides par la pluie qui s'abat dehors sans relâche depuis des jours.

Un instant, je crois qu'il va rentrer dans la pièce. L'autre instant, il détourne le regard et s'apprête à continuer sa marche.

SOULMATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant