SOULMATE

29 | Commérages et retrouvailles

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— Vous êtes encore en retard, monsieur Evans...

— Pardon, j'ai euh...

— Allez-y, je vous écoute. Je suis impatiente d'entendre votre excuse cette fois-ci. Panne de réveil ? Perdue dans les couloirs ? Oh non, j'ai mieux, vous avez oublié de nourrir votre chat !

Autour, les élèves se mettent à pouffer de rire.

Génial.

— Désolé, ça ne se reproduira plus, madame Beaucé, bafouillais-je entre mes lèvres.

— Bien sûr que si, voyons, je ne suis pas aussi cruche que mes collègues. Allez-vous asseoir, jeune homme. Vous avez assez retardé le cours comme ça.

Sans plus tarder, je me faufile entre les tables en marmonnant une dernière et piètre excuse auprès de ma professeure qui semble amusée de mon comportement. Je finis par m'asseoir à la première table libre que je vois.

Il y a bien une fille assise juste à côté, mais si ce n'est que pour le temps d'un cours, je suis prêt à m'y résoudre. Et puis, je n'ai pas vraiment envie d'attirer l'attention plus que ce que je l'ai fait jusqu'ici. Je crois qu'elle s'appelle Lily si mes souvenirs sont bons.

Enfin en ce qui me concerne, j'ai bien compris que je n'étais pas le meilleur pour retenir les prénoms. Elle pourrait s'appeler Mathilde que je ne serais pas choqué.

Quoi qu'il en soit, elle semble ignorer ma présence, suivant le cours languissant de madame Beaucé. Juste en face de moi, Ruth joue machinalement avec ses cheveux en papotant bruyamment avec sa voisine.

Décidément, je ne m'habituerai pas à sa présence.

— ... que ça ne tiendrait jamais.

— Mais, tu en es sûr ?

— Bien sûr que oui, tu sais très bien que je ne raconte pas de mensonge. Une copine était présente quand ça s'est passé.

— Ça me semble bizarre pourtant.

— Ouais, bah moi, ça ne m'étonne pas. Comme on dit, un sac Gucci ne s'assortit pas avec un tee-shirt Tesco.

— Ce proverbe existe ou tu viens juste de l'inventer ?

— Qu'est-ce que ça peut faire, c'est bien vrai non ?

Je remarque sans peine le regard discret que me jette Ruth, un faux rire qui égorge sa voix. Qu'a-t-elle à me regarder comme ça ?

— Tout le monde fait des erreurs après tout, je ne peux pas lui en vouloir. Au moins, maintenant, il est débarrassé de cet insecte.

À cela, elle joint un second rire. J'ai la conviction que cette discussion n'est pas aussi anodine qu'elle devrait l'être et je ne suis pas sûr d'apprécier ça.

— Je ne sais pas, j'avais l'impression qu'il l'appréciait vraiment, tu ne trouves pas ?

— Bien sûr que non ! Tu crois sincèrement qu'on peut aimer quelqu'un comme lui.

Aucun doute, c'est de moi qu'on parle. Et pas de n'importe quoi. Elles savent que j'ai rompu avec Atlas. Comment ? Je n'en ai pas la moindre idée. Ce n'est pas Atlas qui irait en parler à qui que ce soit. Pas même à ses amis.

Quelqu'un nous aurait-il entendu ?

Probablement.

Mais merde, je ne voulais pas que ça s'ébruite aussi vite ! Il s'est passé une douzaine de jours depuis notre dispute. Le temps passe et petit à petit le sentiment de culpabilité s'atténue.