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— C'est toi l'enfoiré de délinquant qui a retourné le cerveau de mon fils ?!
J'avale difficilement ma salive, les yeux rivés sur mon père. L'intégralité de mes muscles se contracte comme si la simple possibilité qu'il me frappe soit une éventualité. Il n'a jamais levé la main sur moi, je lui dois bien cela au moins, mais dans cet état, j'ai l'impression qu'il serait capable de tout.
Autour de nous, les regards se tournent dans notre direction. Des jugements pour certains et de la pitié pour d'autres.
— Papa, est-ce qu'on peut en parler ailleurs ? Dis-je dans l'espoir qu'il se calme.
Je n'ai pas envie d'offrir un spectacle digne d'un film dramatique à tous ces gens qui n'ont rien avoir dans l'histoire.
— Donc en plus de fuguer pour le retrouver lui, tu te retrouves au poste de police ?!
— Pap-
— Non ! Je n'en ai rien à foutre ! Je t'interdis de revoir ce voyou !
Il jette un regard de dégoût à Atlas qui reste étonnamment sage derrière moi sans imposer sa présence devant mon père. Même si je doute qu'il reste aussi calme si mon père venait à devenir menaçant envers moi.
— Qu'est-ce que penserait ton frère à ton avis ?!
Cette situation me met dans un malaise terrible. Je serre les dents en évitant les regards autour de moi, mais je sens ma respiration s'accélérer.
— Ne le mêle pas à ça !
Il rit jaune, la mâchoire serrée et les muscles contractés. Un policier s'approche de nous, interloqué par cet échange un peu trop violent entre un père et son fils.
— Est-ce que tout va bien ?
Le regard du policier se pose sur moi. J'empêche les larmes de monter, regroupant toute la frustration et la nervosité que je ressens actuellement.
J'ai l'impression de suffoquer.
Avec une facilité déconcertante, je souris au policier pour lui intimer de ne pas s'en mêler. Je crois que la situation est déjà bien assez tendue pour que la police y mette son grain de sel.
— Oui, tout va bien, monsieur.
— Vous êtes sûr ?
— Mon fils vous a dit que tout allait bien ! On allait justement rentrer à la maison.
Il tente un pas vers moi, le bras élancé pour m'attraper le poignet, mais Atlas en fait de même, s'interposant entre mon père et moi.
— Je ne vous laisserai pas partir avec lui dans cet état, monsieur Evans.
Son visage devient rouge de colère.
— Tu ne vas pas me dire comment éduquer mon fils !
— S'il vous plaît monsieur, je vais vous demander de vous calmer, tente le policier à nos côtés.
Mes yeux rejoignent ceux de la jeune policière un peu plus loin qui semble compatir avec moi.
— O-on va s'en aller, monsieur, bafouillais-je à l'intention de l'agent.
Je contourne mon père sans un regard pour lui. Non loin derrière moi, je sens la présence d'Atlas qui ne me lâche pas d'une semelle. Elle est imposante et je suis sûr qu'il ne compte pas me laisser partir avec mon père dans cet état de colère.
Sur le passage, les gens me regardent comme si j'étais une bête de foire ou comme si la situation n'était déjà pas assez malaisante pour moi.
Je marche jusqu'à la voiture de mon père garée un peu plus loin, ignorant la présence d'Atlas qui continue de me suivre coûte que coûte.

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SOULMATE
RomanceDans les rues de Birmingham, où l'acier et les histoires s'entrelacent, la vie de Simon n'est en apparence qu'une histoire comme les autres. De celle qu'on passe sans jamais vraiment s'en intéresser. Mais qui est-il vraiment ? Et que cache-t-il réel...