4 | Un grand pas pour Simon

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La fatigue. Les cernes sous les yeux. Une lancinante angoisse de revenir chaque matin dans ce lycée. Et cette foutue impression d'asphyxier dès qu'un élève te regarde comme si tu avais fait quelque chose de mal. J'aimerais, rien qu'un instant, que ces sentiments envahissants disparaissent de mon esprit.

Et pourtant, je me lève chaque matin avec cette boule au ventre qui me creuse l'estomac. Ça me bouffe de l'intérieur sans que je puisse rien y faire. Je ne souhaite cela à personne. Pas même à mon pire ennemi.

Bien que ce week-end passé avec mon frère m'ait remonté le moral, la réalité revient vite à la surface. Cette pression qui s'était envolée vendredi soir est revenue aussi vite qu'elle était partie.

Alors, j'avance dans ses couloirs de carrelage et bruits assourdissants pour reprendre ce quotidien que je déteste.

Une seule année et je pourrais partir de cette ville qui m'a dégoûté de la vie.

Ici, j'ai perdu ma mère, l'amour de mon père, mon frère et le peu de joie que je pouvais avoir quand je n'étais qu'un enfant.

Continue de te lamenter, Simon, tu es ridicule... Et arrête de te plaindre d'une vie comme la tienne, ça ne sert à rien, idiot.

Les écouteurs dans les oreilles, je traverse la porte de la salle de classe, mes pensées jaillissant de tous les côtés.

Cours, Simon et ne reviens jamais.

Personne ne t'attend à la maison.

Casse-toi.

Et.ne.reviens.jamais.

Je ressens une pointe de soulagement en remarquant l'absence d'un regard aux pupilles vertes. J'avais pris l'habitude de m'asseoir à ses côtés lorsqu'il était seul, pour la simple et bonne raison qu'il passe son temps à somnoler sur sa table sans m'adresser un mot pour la plupart du temps. Honnêtement, je n'y trouvais pas vraiment d'inconvénient jusqu'ici.

Sauf que tout a changé depuis ce que j'ai vu au café samedi dernier. Je n'ai vraiment plus envie de me mêler à lui, à présent. Je trouvais cela vraiment louche qu'il m'apporte un soudain intérêt cette année, mais après avoir vu Cassie et Nate ensemble, cela ne fait qu'augmenter mes soupçons.

Je n'y peux rien, j'ai appris à ne faire confiance à personne dans ce lycée.

Bien décidé à m'éloigner de lui, je pars m'asseoir à l'autre bout de sa place habituelle. Je pose mes affaires à côté d'un certain Owen. Des lunettes sur le nez qu'il remonte sans cesse et un livre d'astronomie sur le coin de sa table. Ses yeux s'élargissent lorsque je pose mes fesses sur la place à côté de la sienne.

Peu importe de toute façon, je ne compte pas changer de place. Il va falloir qu'il s'y fasse. Même si je sais de toute évidence qu'il ne dira rien puisqu'il est trop timide pour le faire. C'est triste à dire, mais il me ressemble un peu. Il n'a que très peu d'amis et dans cette classe, c'est celui qui me paraît le moins hostile de tous.

Les élèves discutent, passent devant moi sans me remarquer et sortent leurs affaires tout comme je l'ai fait quelques minutes plus tôt.

— Tu as entendu la nouvelle ?

— Quoi ?

— Il parait que les flics sont intervenus dans une soirée vendredi soir. Ils ont été prévenus qu'il y avait de la drogue et tu sais quoi ? Ils en ont arrêté sept au total !

— Attends, tu parles de la soirée chez Henry ? J'ai entendu dire que le groupe de Cassie et d'Atlas étaient là-bas.

— Tu penses qu'ils se sont fait arrêter ?

SOULMATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant