Grey - L. S. [BXB] TERMINÉE

Chapitre 1

You wake up and you try to breathe

You ask yourself, "What's wrong with me?"

You're broken like you've never been

You try to try but lose again

Je soupirais du haut de mon balcon, ployant mon regard sur le quartier sud de Kensington. Les étoiles au-dessus de ma tête faisaient échos à ma solitude, dans un orchestre symphonique macabre. Mes épaules s'affaissèrent, et j'étouffais un soupir, me demandant comment le gamin que j'avais été pouvait être dans cette situation aujourd'hui.

— Tu vas faire quoi ? me demanda Léda sans détour dans le combiné.

J'entendais qu'elle était en pleine agitation au bout du fil, certainement pour ranger ses affaires, se préparer pour un autre pays, une autre aventure dont elle reviendrait avec des étoiles pleins les yeux.

— Rompre. Je suppose que je vais rompre.

— Louis, tu sais que je ne le porte pas dans mon cœur, mais... t'es sûr de toi ? Vous êtes ensemble depuis tellement longtemps...

Appuyé contre la rambarde, je me demandais un instant si la hauteur menaçait ma vie. Si je tombais, là, maintenant, est-ce que mon crâne se fendrait en deux ? Ou est-ce que je risquais plutôt une paraplégie encombrante ? Ce fût ma meilleure amie qui coupa le fil de mes pensées.

— Louis ?

— Oui. Oui, j'en suis sûr. A peu près. Il veut se marier et avoir des enfants, moi pas. Je ne peux pas le faire attendre plus longtemps pour un truc que je ne pourrais jamais lui donner. C'est injuste.

— Alors... je suppose que je dois te souhaiter bonne chance ?

Un pâle sourire s'affichait sur mes lèvres tandis que je replaçais le téléphone à mon oreille.

— Ouais, j'imagine.

— Bonne chance, alors.

Ce n'est pas de chance dont j'avais besoin, mais de courage. Et je n'étais pas le plus hardis des hommes.

— Merci Léda, je dois y aller. Tu sais, je dois aller foutre en l'air la seule chose stable dans ma vie, rigolais-je sans joie.

— Tu es fort, je crois en toi, mon Louis. On se voit bientôt !

— Oui, bonne soirée à toi.

— Toi aussi.

Je raccrochais avec la sensation que mon monde se mettait à tanguer. Tout était à l'envers, en vrac, des étoiles jusqu'à mes entrailles. Cela me rendait malade. Adam ne méritait pas cela, quoiqu'en dise Léda. Elle avait raison : normalement, on ne mettait pas cinq années de couple à la poubelle à cause d'une crise existentielle. Personne ne faisait cela, sauf moi visiblement.

J'hésitais à traverser le salon encombré de monde, franchir la porte de notre appartement, descendre les escaliers et aller me chercher un paquet de cigarettes au tabac du coin. C'était quoi ? A trois-cents mètres peut-être ? Mes mains commencèrent à trembler. Putain, quelle idée d'arrêter de fumer juste avant de rompre avec l'homme qui partageait votre vie ? Mes décisions étaient de pire en pire. Léda aurait dû me secouer, me crier dessus en m'ordonnant de reprendre ma vie en main. Mais elle ne le faisait plus comme avant, plus depuis cette soirée faite de larmes et de sanglots.

— Tu ne veux pas rentrer ? Il fait froid, tonna une voix dans l'embrasure de la baie vitrée.

Adam était beau ce soir. Il l'était tout le temps, de façon tout à fait objective, il faisait partie de ces hommes qui étaient à l'endroit. Du nez, aux lèvres et jusqu'aux sourcils. Mais pour ses trente-sept ans, il avait tout donné. J'étais vraiment un salaud. Je prenais la décision de le quitter le jour de son anniversaire.