"The devil doesn't bargain
He'll only break your heart"Louis - 5 ans auparavant
Je sortais de l'hôpital, un capharnaüm en moi. Je ne dormais plus depuis quelques mois maintenant, mais ces derniers temps, c'était pire. À peine le vent avait-il salué mes cheveux, que je prenais déjà ces pilules.
Celles qui m'aidaient à dormir.
Celles qui m'aidaient à me calmer.
Celles qui m'aidaient à fonctionner.
Je les prenais un peu n'importe quand et n'importe comment, mais c'était le seul moment où j'avais un peu de répis.
La plupart des gens diraient que suite à un choc douloureux, le pire c'était les cauchemars. Je n'étais pas d'accord. Le pire, c'était cette longue agonie qu'était le jour, où rien ne pouvait me sauver. Je ne pouvais pas me transformer en super héros, ou transformer mes souvenirs à ma guise. J'étais simplement prisonnier de ma réalité.
Je déglutis difficilement, la bouche encore pâteuse de ma cuite de la veille.
Ça aussi ça m'aidait à dormir.
Ça m'aidait à me calmer.
Et ça m'aidait à fonctionner.
Personne n'était d'accord avec moi bien évidemment, ni cette foutue psy et encore moins Léda. Je savais pertinemment qu'elle venait souvent chez moi pour vider mes bouteilles cachées. Je n'avais pas d'aussi grand trou de mémoire pour oublier des litres d'éthanol perdu. Le whisky, c'était sacré. En même temps, elle avait tout essayé avec moi. À la suite de mes cuites un peu trop fréquentes, elle m'avait engueulé. Ensuite elle avait essayé la méthode douce. Puis elle m'en avait collé une. Et tout ça n'était plus devenu important depuis que j'avais essayé de me foutre en l'air.
Je n'arrêtais pas de le répéter : ce n'était qu'un évènement isolé, j'avais trop bu, je m'étais confronté à ma vie misérable d'artiste raté/serveur et voilà. Je n'avais pas de passif de dépression, et j'avais supplié pour qu'on ne m'interne pas. Le groupe de psychologues et de médecins qui m'avait scruté à l'hôpital avait jugé que j'étais bien entouré, bien intégré. Je suivais un cursus d'art, j'avais un travail, et quelques amis. J'avais juste écopé de plusieurs séances de psy par semaine en hôpital de jour. Un calvaire.
Avec les pilules, mon paquet de cigarettes ne me quittait jamais. Assis contre le muret de l'hôpital, je pris le temps de m'asphyxier un peu plus, pour être certain que je n'arriverais plus à respirer. Je mentirai ensuite à Léda en disant que j'étais juste angoissé et je rentrerai me coucher. La seule chose qui m'intéressait, c'était l'exposition de ce soir. Depuis quelques semaines, le bar où je travaillais m'avait autorisé à accrocher certaines de mes œuvres auprès de celles d'autres artistes qu'ils accueillaient le samedi soir. J'avais dû faire des pieds et des mains, Matthew, le patron, n'aimait pas tout mélanger. Il y avait les artistes d'un côté, les serveurs de l'autre. Je lui avais assuré que je ne mélangerais pas les deux, je m'étais trouvé un nom d'artiste simple. Grey. Ça avait suffi, c'était singulier, accrocheur, et mystérieux. Tout ce que les bobos des quartiers un peu chics appréciaient.
Ma cigarette consumée, je la jetais négligemment, et me dirigeais vers mon arrêt de bus. Léda me tannait pour que je passe enfin le permis, et quelque part, elle avait raison. La banlieue où j'habitais était loin, ça serait plus pratique. Mais avec la voiture venait des responsabilités que je ne me sentais pas de prendre : arrêter les pilules, les cuites, et dormir.
Arrivé dans mon petit studio, je marchais au travers du bordel ambiant pour m'écrouler sur mon lit encore tout habillé. Je roulais sur le dos, et expirais longuement. Je savais que j'avais cours aujourd'hui, c'était marqué sur un planning quelque part accroché sur mon mini frigo, mais objectivement, je m'en fichais.
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Grey - L. S. [BXB] TERMINÉE
RomanceLouis est un peintre tant bloqué dans son art, que dans sa banlieue chic de Londres accompagné de son fiancé. Harry sort de prison. Ces deux-là n'ont rien à voir et pourtant un lourd passé les lie. Que se passe-t-il lorsque Harry décide de resurgir...