Chapitre 11

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"Then Iwentand caved in
I'ma mess right now
My heart isin two places
Half is back at home
The other's off and racing"

"Bonjour Louis, c'est Joan. Je suis désolée d'insister, mais il faudrait vraiment que nous fixions un rendez-vous pour voir en détails l'organisation de votre mariage. Il ne me reste plus beaucoup de temps, et cela me tient vraiment à cœur. Je suis toujours joignable, n'hésitez pas. Bonne journée"

La fin du message me laissa avec ma solitude et mon trou noir. J'évitais un peu tout le monde en ce moment, même Léda. Et si j'avais pu m'éloigner d'Adam, je l'aurais fait aussi. De toute façon, il était plus absent que d'habitude, sa boîte fêtait la fin du trimestre et les chiffres exorbitants qu'ils avaient réussi à atteindre. Avant ça m'aurait agacé, maintenant ça me soulageait.

J'écrasais ma cigarette sur la rambarde du balcon avant de balancer le mégot. Puis je me dirigeais vers les baies vitrées et les refermais d'un coup sec. Je me retrouvais à nouveau en face de mon échec cuisant. L'inspiration ne me venait pas, j'étais vide et mon art éventré. Je m'asseyais en tailleur devant le tableau, mordillant le bout de mon pinceau tout en étouffant un soupir. L'angoisse montait crescendo, à mesure que je détaillais chaque fibre de lin, chaque particule de ma toile. De frustration, je m'allongeais, fixant le haut plafond. Je n'avais qu'une envie : retourner dans mon lit et me laisser choir. Le café que j'avais bu la dernière fois avec Léda ne m'avait pas aidé, loin de là. J'étais juste une salope peu encline à se contenter de ce qu'on lui offrait. Si Adam avait fait la même chose que moi en boîte avec ce Milo... Je lui aurais probablement balancé sa bague au visage, tout en faisant ma valise. Tout du moins, c'est ce que je pensais. Est-ce que j'aurais réellement eu le cran de le faire ?

Je me mordis la langue pour éviter une fois de plus de pleurer : inutile que mes larmes arrivent jusqu'à mes oreilles et que j'entende à quel point ma douleur était tonitruante. Au lieu de cela, je me relevais d'un coup, époussetant mes vêtements de prêt à porter.

Pour une fois, j'allais écouter les conseils de mes proches. Léda me disait souvent qu'il fallait que je sorte pour ne pas laisser parler mes démons. Ne rien faire c'était leur donner plus de place pour s'enraciner à mon âme. Alors il fallait que je bouge.

Joignant mes pensées à l'action, je me préparais alors prestement, dévala les escaliers, et enfila ma veste printanière. Dehors, le soleil était haut, enlacé d'un vent agréable. Je me dirigeais vers l'arrêt de bus, avec cette fois-ci l'intention de payer mon trajet.

Lorsque je descendis, j'eus à nouveau l'impression d'être un étranger dans ma propre histoire, et j'essayais de ne pas m'attarder dessus tout en marchant vers ce lieu si connu.

Le parc de WestHam n'avait pas changé d'un iota, si ce n'est que d'autres enfants avaient remplacés ceux que j'avais connus, que les adolescents d'aujourd'hui fumaient de l'herbe à la vue de tous, là où quelques années auparavant, ils se cachaient. Mais les mères éreintées, les joggeurs déterminés, et les mamies solitaires restaient profondément les mêmes.

Je mis du temps à arriver dans les environs du terrain de foot, me remémorant les cris des joueurs enfiévrés. Ce qui m'intéressait réellement, c'était cette grande butte qui m'offrait une vue dégagée sur Canary Wharf, le quartier d'affaires en bordure de la tamise.

Je m'assis sur l'herbe un peu sèche en quête d'une inspiration, ployant mon regard à travers les milliers de vie grouillant en bas. A l'époque, je me serais moqué de ces gens-là, qui se pensaient importants juste parce qu'ils travaillaient dans l'un des plus grands centres d'affaires de Londres. Harry se serait joint à moi, et nous aurions discutés jusqu'au bout de la nuit de cette richesses extravagante, de ces hommes et de ces femmes qui vendent du vide et des concepts.

Grey - L. S. [BXB] TERMINÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant