Grey - L. S. [BXB] TERMINÉE

Chapitre 19

"All my friends are toxic, all ambitionless
So rude and always negative
I need new friends, but it's not that quick and easy
Oh, I'm drowning, let me breathe"

Harry - 5 ans auparavant 

Louis m'avait menti. Bien sûr que c'était sa première fois. Comment j'avais pu en douter, sérieusement ? Le gars en pouvait plus dès que je posais la main sur lui, c'était évident. Mais il a quand même fallu deux ou trois branlettes communes de plus pour qu'il me l'avoue. Et quand je lui avais demandé s'il s'était déjà fait prendre, alors là... Il ne m'avait plus parlé pendant au moins deux jours. Je me souviens, il était retourné chez sa mère, et quand j'étais rentré tard à la maison, et que je l'avais pas trouvé, j'avais cru devenir fou. Je l'avais cherché par la peau du cul et je l'avais ramené chez nous. Il m'avait hurlé dessus en me disant que c'était franchement rabaissant de penser que c'est lui qui se la prendrait parce qu'il était moins fort que moi. C'est vrai que j'avais jamais pensé à la situation inverse. Moi, personne m'enfilait. J'avais médité quelque temps là-dessus, après tout, on n'était pas obligé de rentrer l'un dans l'autre je sais pas. C'était pas forcé. Pour l'instant, y'avait trop à explorer, et tout était encore flou. On se touchait, on s'embrassait, on dormait ensemble. On aurait pu dire qu'on était que des plans cul, ou alors des meilleurs potes qui aiment bien se faire plaisir. Mais je sentais qu'il y avait plus. Y'avait toujours eu plus.

Je voulais pas qu'on le touche, qu'on le regarde, qu'on lui fasse du mal. De manière générale, j'avais du mal à partager, et Louis il était un peu à moi, donc pas touche. Caleb arrêtait pas de me vanner dessus et j'avais déjà failli lui casser le nez à ce gros con. Personne n'avait le droit de traiter Louis de pédé non plus. Sauf moi.

La plus grosse dispute était survenue quand j'avais découvert que Louis discutait toujours sur Snapchat avec des nanas du quartier. Franchement, son téléphone avait volé à travers la pièce, je savais même pas comment il avait fait pour rester intact. Je me souviens de son air de décérébrer là. Bah quoi. Je lui avais crié dessus, je pense qu'on m'avait entendu dans toute la baraque. Genre tu fais pas ça toi aussi ? Il avait demandé. Je crois qu'on avait jamais passé autant de temps en se regardant sans rien dire. Depuis qu'on s'était vraiment embrassé, y'avait eu personne d'autre, à part des plans d'un soir, parce que hé, je restais un ado et que je dormais avec mon meilleur pote qui me faisait bander comme un cheval. Mais depuis qu'on s'était fait plaisir ensemble, y'avait eu que lui. J'avais envoyé paitre Tobias, et Cassie, alors que putain les deux avaient une bouche d'enfer. Louis m'avait jamais fait de pipe, lui. Mais peu importe. Ce soir-là, je l'avais fait jouir trois fois, pour bien qu'il se souvienne que j'étais le seul à pouvoir lui faire ça. Il s'en était souvenu, parce que j'avais jamais retrouvé d'autres conversations bizarres à chaque fois que je fouillais son téléphone.

Je savais pas trop ce que ça voulait dire tout ça, j'avais même essayé d'en parler à ma grand-mère... Mais je me dégonflais à chaque fois. Sauf ce soir. J'avais décidé que c'était le moment parfait. Louis était à son boulot, il arrêtait pas de mettre de côté depuis qu'il avait été accepté dans une fac d'art. Caleb était parti voir sa gonzesse, je connaissais même plus son nom, il changeait trop souvent. J'étais seul avec ma grand-mère, donc c'était maintenant ou jamais. Je savais que je devrais partir dans une heure pour rejoindre les gars, ça me laissait le temps de lui avouer que je m'enfilais mon pote et que j'étais sans doute pédé. Au moins à moitié.

Quand je suis rentré dans la cuisine, elle faisait des mots croisés à la bougie - c'était moins cher que l'électricité. Je la distinguais à peine dans le noir, mais assez pour voir que le temps l'avait pas épargné. Je remarquais de plus en plus qu'elle était voutée, un peu comme si elle portait le poids du monde. Et puis, elle s'occupait de deux gros cons et de Louis, franchement j'aurais pas voulu être à sa place. Je me suis raclé la gorge, mais elle m'a pas entendu, y'avait aussi ce souci : fallait parler de plus en plus fort quand on était loin d'elle. Louis avait voulu évoquer le sujet, mais je l'avais envoyé se faire voir. J'étais pas prêt à me prendre les ravages du temps en pleine face.