Chapitre 23

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''When I couldn't, you always saw the best in me
Right or wrong, you were always on my side
But I'm scared of what life without you's like ''

J'avais pleuré toute la nuit, jusqu'à ce que les suffocations étreignent ma gorge avec tant de douleur que j'avais eu l'impression d'en mourir. Harry était resté près de moi. Il n'avait rien dit, il s'était contenté de frotter mon dos, de me dire de respirer. Ça m'avait suffi, je n'avais pas besoin qu'il devienne une autre personne, qu'il me cajole comme un animal blessé, il n'avait jamais été très doué pour le réconfort et l'épanchement émotionnel. C'était ainsi.

Le lendemain, je m'étais réveillé avec des soubresauts pleins la poitrine, et bien vite, j'avais réalisé que c'était dû à une angoisse latente : celle de me retrouver seul. Un peu désorienté, je tâtonnais les draps ou nous avions dormi : ils étaient froids. Cela me réveilla. Net. Je me redressai et balayais la pièce pour être certain que Harry n'était pas dans les parages. Il était certainement en train de prendre le petit-déjeuner, mais je ne pouvais pas empêcher ma logique de me dire qu'il m'aurait réveillé. Le corps tremblant, je m'extirpais du lit, croisant un instant mon regard dans le miroir plein pieds de la chambre. Mon reflet me fit peur, non seulement les cernes commençaient à manger mes joues, mais en plus, mes yeux étaient bouffis et rouges.

Je soupirais en m'engouffrant dans le couloir pour rejoindre la cuisine. Je ne devais vraiment pas être quelqu'un de très chanceux. La première personne que je vis après cette nuit agitée fût Caleb. À peine m'avait-il entendu qu'il s'était retourné vers moi avec son regard empli de reproches. Il n'était pas de ceux qui gardaient une politesse hypocrite, et me retrouver à nouveau face à ça me désarçonnait complètement. À l'époque, j'avais les armes pour lui répondre, la fougue de l'adolescence et l'éducation à la Newham. Aujourd'hui, je n'étais qu'un bourge qui avait quitté son confort. Il me fallait tout réapprendre.

— C'est bien, t'as encore réussi à lui mettre le grappin dessus, tu vas attendre combien de temps cette fois-ci avant de te casser ?

Bonjour déjà. Je ne pouvais pas simplement l'ignorer et retourner dans la chambre. Il était temps de gagner son respect, et d'assumer mes erreurs.

— Le but c'est de rester pour de bon cette fois-ci.

Il eût un rictus amer, et se leva. Face à face il était beaucoup plus grand que moi, et ses yeux semblables à ceux de Harry ne cessaient de me lancer des pics de glace. Mais je ne faiblis pas, pas cette fois-ci.

— T'étais censé rester aussi la dernière fois, au lieu de ça, t'as précipité ma grand-mère dans la tombe et mon cousin en pleine dépression. Je vais pas te laisser faire ton malheureux, et par-derrière enculer tout le monde. T'es pas le bienvenu ici, Louis, tu ferais bien de dégager.

Ces mots me firent mal, ils me transpercèrent comme une lame d'acier, et je reculais d'un pas tant le choc fût violent. Caleb s'en fichait de me faire du mal, il se fichait de froisser mon égo et d'éclabousser un peu plus mon âme. Je ne devais pas prendre ce qu'il disait comme vérité générale. Je ne devais pas. Je ne devais pas.

­— Sauf que c'est pas toi qui décides. Harry m'a autorisé à venir ici, donc t'as rien à dire.

Mon ton se voulait assuré, mais j'avais rarement été aussi terrorisé ces derniers temps. Même face à Adam. S'il décidait de me frapper, j'étais foutu. Je ne savais pas me défendre, et je n'avais pas vraiment envie qu'on me refasse le portrait non plus.

— Je te préviens Louis, si tu...

Heureusement, il n'eût pas le temps de finir sa phrase, car la porte d'entrée claqua. Je me détendis légèrement en voyant Harry apparaître dans l'embrasure de la porte. Il nous regarda tour à tour, les sourcils froncés, essayant certainement de comprendre la scène à laquelle il assistait: Caleb menaçant, et moi le regard fuyant.

Grey - L. S. [BXB] TERMINÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant