Grey - L. S. [BXB] TERMINÉE

Chapitre 9

"Cuz I need you like the flowers need the rain

I need you like the sun when the clouds turn grey

Oh you're like the blood running through my veins"

Harry - 6 ans auparavant

– Mais attends genre... t'as jamais touché une goutte ?

Louis et moi on avait décidé de sécher les cours aujourd'hui. Ou plutôt : j'avais décidé que je me prendrais une journée pour décompresser au parc de West Ham, et j'avais convaincu Louis de me suivre. De toute façon, même s'il travaillait relativement bien à l'école, y'a rien qui l'intéressait à part les cours d'art qu'il avait choisi en option.

– Nan.

– Jamais jamais ? j'ai insisté.

– Nan.

– Même pas pour...

– Mais tu cherches quoi exactement ? m'a demandé Louis, visiblement agacé par notre conversation.

Parfois, ce mec me semblait irréel. Il avait bientôt dix-sept ans, et il n'avait jamais touché à une goutte d'alcool. Certains mecs de notre quartier avaient déjà fait deux comas éthyliques à cet âge. Attention, je voulais pas que ça lui arrive. Mais c'étaient des trucs qui faisaient partie de la vie, les expériences tout ça, et mon meilleur pote n'en avait pas beaucoup à son compteur.

– C'est quand même vachement étonnant...

– Ah bon ? C'est étonnant que je veuille pas boire le truc qui oblige ma mère à se comporter comme une conne ?

Il avait pas tort. Mais je voulais pas l'avouer, alors j'ai continué.

– Ça c'est parce qu'elle sait pas comment on boit pour de vrai, allez viens je vais te montrer, ai-je dis en me relevant.

Je l'ai regardé de haut, et il a secoué la tête avec un pâle sourire, pensant certainement que je blaguais. Quand il a compris que c'était pas le cas, il m'a lancé un regard plein d'incertitude.

– Mais... On a pas dix-huit ans ?

– Et alors ? Allez ramène toi, j'ai dit avec un clin d'œil.

Il a hésité.

– Tant que t'es avec moi il peut rien t'arriver, tu le sais, hein ?

Je sais que j'abusais trop de sa confiance en moi, parfois. Mais j'étais la seule raison pour laquelle il sortait de son cocon, et je voyais que ça lui faisait du bien, alors bon. Il a hoché la tête. Et cette fois-ci il s'est vraiment décidé à me suivre.

On a flâné dans les rues étroites de Newham jusqu'à arriver à l'épicerie de Tobias. C'était un gosse encore, mais son père était tombé malade, alors forcément c'est lui qui devenait un peu le chef de la famille et qui reprenait le commerce. Il nous a salué quand on est entré dans la boutique et a laissé traîner son regard un peu sur moi. Je lui ai offert un sourire colgate et je suis allé au rayon qui m'intéressait, toujours avec Louis sur les talons. Il semblait toujours inquiet, comme s'il pensait qu'on n'arriverait pas à se chopper de quoi picoler. J'ai saisi une bouteille de rhum ambré, c'était assez facile à descendre cul sec, plus que de la vodka ou du whisky, et je me suis dirigé vers le comptoir derrière lequel se trouvait le beau gosse.

– Alors ? Ça roule Harry ?

Ça avait l'air de rien, mais j'ai senti le velours dans sa voix. Je le savais parce que je l'avais entendu trop de fois haleter à mes oreilles.