PRISONNIÈRE

Chapitre XII

POINT DE VUE DE RENZO :

J'avais réussi à réveiller Yelena pour l'emmener à l'hôpital. Sur le chemin, je lui avais expliqué que c'était uniquement pour son bien et que je ne gagnais absolument rien à ce qu'elle consulte.

Pour toute réponse, elle avait seulement posé sa tête contre la vitre de la voiture, et avait été silencieuse pendant tout le trajet.

Je l'avais laissé entre les mains du médecin, auquel j'avais ordonné d'expliquer le moindre de ses faits et gestes à Yelena afin qu'elle comprenne tout ce qui se passait. C'était son corps, elle devait tout savoir.

Cela faisait plus d'une heure que le docteur était avec elle, et lorsque j'entendis la porte de la salle de consultation claquée, je me levais de la chaise dans le couloir.

— Alors ?

— D'où vient cette jeune femme, Monsieur Esposito ?

— De l'enfer, admettais-je.

Le médecin observa longuement son bloc-notes avant de m'expliquer lentement :

— Il est impératif qu'elle reprenne du poids en vitesse. Je lui ai prescrit des compléments alimentaires, elle va en avoir besoin.

— Sous forme de...

— De tout, soupira le médecin. Elle aura autant de gâteaux que de yaourts à boire ou à manger à la cuillère.

J'acquiesçais, lui faisant signe de poursuivre ce qu'il avait découvert.

— Elle a été brûlée à plusieurs endroits du corps, les bras, la poitrine, les cuisses et peut-être même un peu les chevilles, mais elles sont tellement colorées à cause des ecchymoses que je n'arrive pas à faire la différence.

Brûler ?

Elle s'est faite brûlée ?

— Elle s'est faite fouetter à de nombreuses reprises, son dos en est le témoin. Elle a aussi des entailles au niveau des poignets, ce qui me laisse penser qu'elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Après, ce n'est qu'une supposition, peut-être que c'est quelqu'un d'autre qui lui a fait ses marques et que l'action n'était pas dans un but suicidaire.

Je n'avais même pas remarqué qu'elle avait des entailles aux poignets.

— Vu la couleur et l'état des entailles, je dirais que cela s'est produit il y a plusieurs mois maintenant, ajouta le médecin en cochant une case sur son bloc-notes.

« Je veux mourir ».

C'était les mots que Yelena avait prononcés dans la salle de bain, dans la douche quand elle avait senti ma main sur sa cheville.

— Elle est très très fragile mais il y a quelque chose que je ne comprends pas, m'avoua le médecin en fronçant les sourcils.

— Qui est ?

Le docteur croisa les bras et releva ses lunettes sur sa tête avant de m'expliquer avec un sourcil arqué.

— Elle m'a demandé si j'avais une Maserati ou une Citroën.

J'esquissais un demi-sourire avant de contourner le médecin pour aller retrouver la jeune femme.

****

Je poussais la porte de la salle de consultation après avoir toqué.

Je vis Yelena, allongée sur la table d'auscultation, les yeux dans le vide.