Chapitre XVII

3.2K 169 7
                                    

POINT DE VUE DE YELENA :

J'étais en dehors de la villa, en train de me balader dans les rues de Naples, en Italie.

Renzo avait quitté la villa en hurlant et sans même prendre la peine de me regarder. Lorsqu'il m'avait trouvé, cachée sous le parquet du bureau d'Agapov, il m'avait sans cesse répété qu'il ne me ferait pas de mal. Plus tard, il m'avait expliqué que j'avais le droit de faire mes propres choix, que j'avais le droit de décider ce que je pensais être le mieux pour moi.

Même si cela peut paraître étrange, il est vital que je vois Agapov afin de lui faire comprendre toute la haine que je ressentais à son égard.

J'étais en colère, sale, immonde même. Mais ça, Renzo ne le comprenait pas. Il ne comprenait pas, parce qu'il n'avait pas vécu ce que moi, j'avais subi pendant neuf ans.

Une personne extérieure pourra toujours vous dire qu'elle arrive à imaginer la peine et la douleur que nous avons subi, elle ne sera jamais en droit de dire qu'elle comprend et qu'elle partage notre douleur. Non pas parce qu'elle ment, mais tout simplement parce qu'elle ne l'a pas vécu. Oui, elle peut tenter d'imaginer, oui, elle peut essayer de comprendre mais jamais, je dis bien jamais, elle ne ressentira ce que moi, j'ai ressenti.

Renzo était cette personne, qui ne pouvait qu'imaginer la douleur que moi, j'avais subie.

Ce n'était pas une mauvaise chose, c'était simplement une constatation. Un fait.

Mademoiselle, excusez-moi ! me lança un homme qui avait un bras autour des épaules d'une blonde aux yeux clairs.

Je reculais, légèrement effrayée par cet appel.

Est-ce que vous pouvez nous prendre en photo, ma copine et moi, s'il vous plaît ? me demanda-t-il en relevant ses lunettes de soleil pour me regarder dans les yeux.

Prudemment, j'acquiesçai et prit lentement le téléphone portable qu'il me tendait.

Je pris soin de leur demander de se décaler légèrement afin qu'ils ne soient pas à contrejour.

Je rendais le téléphone portable à l'homme qui me remerciait après avoir récupéré la main de sa copine dans la sienne.

La jeune femme me sourit avant de poursuivre son chemin avec son petit ami, le long de la plage.

Une glace, mademoiselle ? me proposa une femme avec des cheveux bleus.

Pourquoi pas après tout ? Pourquoi ne pas profiter du fait d'être en colère contre le Padrino pour le lui faire payer d'une manière ou d'une autre ?

Il n'avait pas le droit de quitter la villa comme il l'avait fait, sans me jeter un seul regard. Jamais je ne me serais permise d'en faire de même et surtout, même si les situations étaient inversées, il me dirait que je n'avais pas le droit de quitter la maison de la sorte.

Je veux bien.

Quel goût ? Vanille ? Chocolat ?

Vanille, répondis-je en la regardant mettre de la glace dans un cornet.

Je ne me souviens pas avoir déjà mangé une glace dans un cornet ou alors, cela date d'avant ma captivité en Russie.

Nappage caramel ? Chocolat ?

Caramel, murmurais-je en me souvenant que Renzo m'avait dit qu'il aimait ça.

La femme s'activa à mettre du coulis sur la glace qu'elle me tendit ensuite avec une petite serviette en papier.

PRISONNIÈREWhere stories live. Discover now