Chapitre XXVIII

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POINT DE VUE DE YELENA :

Renzo était dans son lit depuis plusieurs jours maintenant, un médecin avec lui dans la chambre.

Je n'avais pas le droit d'être dans la pièce, le docteur m'avait demandé de partir.

Il va mourir ? demandais-je à Knox qui me tendait une assiette de pâtes au parmesan.

J'attrapais l'assiette pendant qu'il prenait place à côté de moi sur le canapé.

Non.

L'homme commença à manger en silence et je posais mon assiette sur la table basse.

Pourquoi je n'ai pas le droit de le voir ? protestais-je.

Knox ferma les yeux un court instant avant de les rouvrir.

Je ne suis pas le médecin, je ne peux pas te répondre. Mais je suppose que c'est mieux pour sa guérison.

Je n'avais pas dormi depuis plus de deux jours et je n'avais rien avalé non plus.

Comment pourrais-je manger ou dormir en sachant que Renzo ne se réveillera peut-être jamais ?

Tu peux être fière de toi, lâcha soudainement Knox.

Je tournais la tête vers lui, arquant un sourcil.

Tu as réussi à le ramener ici, à appeler le médecin et à faire en sorte que son l'état de Renzo n'empire pas le temps que le médecin arrive.

Je me frottais les yeux et me levais pour me diriger vers la cuisine. J'attrapais un verre et me remplissais d'eau fraîche avant de le boire d'une traite.

Mange. Repose-toi.

Je veux qu'il se réveille, articulais-je.

Et il se réveillera. Ce n'est pas en te privant de sommeil et de nourriture que ça l'aidera à se réveiller plus vite, trancha Knox.

Tais-toi, persiflais-je en lui tournant le dos.

Je serrais les poings afin que ces dernières arrêtent de trembler.

Si Renzo n'était pas intervenu, alors il n'aurait jamais été blessé. Il avait intervenu pour essayer de calmer le jeu, mais au final, les deux balles qu'il s'était prit pouvaient lui être mortelles.

Si je ne lui avais pas demandé d'aller voir Agapov, rien de tout cela ne serait arrivé.

Inutile de penser que c'est de ta faute, me lança Knox.

Je me retournais vivement et observais l'homme qui était adossé contre l'encadrement de la porte de la pièce dans laquelle nous étions.

Mais...

Mais rien du tout. Être dans le milieu de la mafia, c'est subir et souffrir régulièrement. Si ça peut te rassurer, Renzo a déjà été dans le coma une fois et il s'en est sorti. Il ne claquera pas, trancha-t-il. Alors maintenant, essaye de manger au moins la moitié de l'assiette de pâtes.

Je n'ai pas faim, grommelais-je en sortant de la pièce, mon épaule cognant contre son bras au passage.

Des gens sont morts parce qu'ils avaient oser me détailler du regard. Tu viens de me mettre un coup il y a trois secondes, estime-toi heureuse d'être toujours en vie. N'oublie pas de dire merci à Renzo quand il se réveillera.

Très drôle, crachais-je.

Je ne plaisante pas, Yelena. Tu es dans la mafia à présent. Alors tu as deux options, soit tu te comportes comme une petite fille fragile, soit tu rentres totalement dans notre monde et tu t'affirmes.

Je commençais à monter à l'étage en l'ignorant.

Immerger dans le monde de la mafia. Dans le monde qui m'a tuer. Et puis quoi encore ?

Tu as déjà tué une fois, me rappela Knox dans mon dos.

Je me retournais vivement en redescendant les escaliers.

Parce qu'elle avait tirer sur lui, fulminais-je en serrant les poings.

Face à mon ton, Knox eut un demi-sourire et croisa les bras.

Et alors ? Tu ne lui dois rien.

Il m'a libéré, sifflais-je.

Et c'est uniquement pour ça que tu as utilisé une arme ? C'est uniquement pour ça que tu as choisi de devenir une meurtrière ?

Je grimaçais face au terme qu'il venait d'employer à mon égard.

Je ne suis pas une meurtrière. 

Réponds-moi. Tu as choisi de te salir les mains uniquement parce qu'il t'a sauvé ? Tu es prête à perdre ta pureté pour lui ? lâcha-t-il dégoûte. Pour un mafieux ?

Ne parle pas de lui de cette manière, le menaçais-je en m'avançant lentement vers lui.

Je ne dis que la vérité. Il n'est qu'un meurtrier. Un psychopathe. Un Padrino. Une merde qui crèvera lor...

Sans qu'il n'ait le temps de finir sa phrase, je me ruais sur lui. Je le plaquais contre le mur le plus proche et lui assénait une gifle.

Je t'inte... commençais-je.

La tête toujours baissée, un rire cynique quitta les lèvres de Knox. Il releva lentement la tête, un filet de sang coulant le long de son menton.

L'homme me sourit et releva la tête un peu plus haut pour regarder derrière moi.

Elle t'aime.

Après avoir froncer les sourcils, je me retournais lentement et observais Renzo, qui se tenait en haut des escaliers.

Elle t'aime à en crever, répéta Knox tandis que mon regard était rivé sur la silhouette de Renzo. Elle t'aime à devenir violente. Elle ne m'a pas loupé, putain.

Mon regard se reporta sur Knox qui passa un bras sur ma taille pour me décaler de la cheminée de laquelle j'étais légèrement trop près.

Attention, miss.

Je lâchais Knox et montais prudemment les escaliers pour rejoindre Renzo qui ne me lâchait pas du regard.

Alors que j'arrivais à son niveau il me murmura d'aller l'attendre dans la chambre.

J'obéissais mais une voix me retenait alors :

Yelena.

Je posais mes deux paumes de mains contre la rambarde en haut de l'escalier et hochais la tête en direction de Knox pour lui faire signe de finir sa phrase.

Je me devais de vérifier avec quel genre de femme mon Padrino préféré était, se justifia-t-il. Je ne pensais pas un seul mot de tout ce que j'ai dû à son propos, m'expliqua-t-il en désignant Renzo d'un signe de tête.

Alors que les pièces du puzzle s'emboitaient  dans ma tête, je réalisais alors quelque chose.

Tu m'as testée, assimilais-je en lui jetant un regard noir.

Je n'avais pas d'autre choix, dit Knox d'une voix ferme en passant le dos de sa main sur son menton pour essuyer le filet de sang qui coulait.

Je te dois des comptes, peut-être ?

Non, à personne.

Tu savais ? demandais-je à Renzo en ignorant la réponse de Knox.

Le Padrino avait les yeux rivés sur ses mains posées sur la rambarde.

Va dans ma chambre, s'il te plaît, murmura-t-il.

Renzo, tentais-je.

Son regard transperça enfin le mien et je remarquais qu'il n'avait pas l'air ravi.

Je suis fatigué et j'aimerai juste que tu ailles m'attendre dans la chambre.

Troublée par le ton faible de sa voix et par les cernes immenses sous ses yeux, je décidais de me diriger vers sa chambre pour l'attendre.

PRISONNIÈREWhere stories live. Discover now