AydenJe m'installe tout au fond de la salle de conférence. Seul. Dans un coin. Je ne veux croiser le regard de personne. Ma culpabilité est déjà à son maximum, pas la peine d'en rajouter. L'ensemble du club est réuni pour cette cellule de crise. David et Karim sont sur l'estrade, prêts à prendre la parole.
La tension est palpable dans la pièce. Je n'arrive pas à savoir quel sentiment domine : l'inquiétude pour Nina ou la haine envers moi. David prend la parole :
– Bon ...
Il se prend le visage entre les mains en cherchant ses mots.
– Je ... Je ne sais pas quoi vous dire ...
Karim se place à côté de David, une main réconfortante sur son épaule. D'une voix chevrotante, il essaye de poursuivre :
– Karim va aller à l'hôpital pour avoir des nouvelles de Nina au plus vite. D'après le médecin du SAMU, l'agression a eu lieu hier soir et a été très violente.
Il se racle la gorge et déglutit.
– Nina fonctionne au mental mais ...
Il secoue la tête et nous tourne le dos, n'arrivant pas à poursuivre son discours. David considère Nina comme sa fille, je le sais. Et elle aussi, vient de se faire tabasser. J'imagine que ça fait remonter beaucoup de souvenirs à la surface.
Je caresse nerveusement ma barbe, essayant d'ignorer le bruit des sanglots qui parcours la salle. Karim prend la parole :
– Avant de partir à l'hôpital, il faut que je vous dise une chose. C'est en tant que médecin que je vous parle, pas en tant qu'ami.
Il s'éclaircit la gorge.
– Nina a pris de violents coups au niveau de la tête. Il est possible qu'elle tombe dans le coma ; pour quelques heures, quelques jours ... Quelques mois. C'est impossible à savoir.
Un hoquet d'effroi parcourt la salle. Les bras croisés sur ma poitrine, seul dans mon coin, dans un état second, je les observe. Nina est vraiment appréciée. Aimée. Elle est chez elle ici, c'est sa famille.
– Quand bien même, elle se réveillerait, il est impossible de connaître ses facultés mentales et physiques après ce qu'elle a subi.
David se cache le visage et étouffe un sanglot. Karim lui, reste impassible et continue son discours. Les filles se serrent entre elles, et pleurent dans les bras les unes des autres. Les gars sont plus solitaires, étouffant leur tristesse dans des reniflements, les coudes appuyés sur leurs genoux.
Moi je suis absent. Je n'entends que d'une oreille. Je pense déjà à la bouteille de vodka que je vais descendre en arrivant chez moi. À tout le mobilier que je vais casser. À toute la rage que je vais décharger sur mon sac de boxe. Ou sur un type pris au hasard.
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Ti Amo T2
Romansa« Hier, c'était toi contre moi. Aujourd'hui, c'est toi et moi contre le monde. »